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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

bles, chargeant votre char de richesses, venez en ce jour près du (père de famille) qui vous honore.

4. Vous qui possédez tous les biens, (placez-vous) sur notre triple cousa, et répandez vos douceurs sur notre sacrifice. Ô Aswins, les fils de Canwa vous invoquent, versant ces libations en votre honneur ! ils vous (invoquent), brillants de la lumière qui se lève.

5. Maîtres de pureté, accordez-nous cette protection dont vous avez autrefois honoré Canwa. Aswins, vous dont le sacrifice augmente la force, goûtez de nos libations.

6. Secourables Aswins, venez sur votre char, apportant l’abondance à Soudas[1]. Donnez-nous ces richesses que tous désirent, et qu’elles nous arrivent de l’océan (aérien) ou du ciel[2].

7. (Dieux) véridiques, que vous soyez loin ou près de nous, venez toujours à notre prière, en même temps que les rayons du soleil, sur votre char aux roues si magnifiquement rapides.

8. Que vos coursiers, avides de nos sacrifices, vous amènent ici vers nos libations. Accordez la richesse au (père de famille) généreux qui vous présente ces offrandes ; (dieux) forts, prenez place sur le cousa.

9. (Dieux) véridiques et secourables, avec ce char brillant de la lumière du soleil, et sur lequel vous apportez toujours la richesse à votre serviteur, venez pour goûter à nos douces libations.

10. (Divinités) opulentes, nous implorons votre protection par nos hymnes et nos prières. Aswins, les fils de Canwa vous sont dévoués, et dans leur assemblée vous n’avez jamais manqué de libations.


HYMNE II.

À l’Aurore, par Prascanwa.

(Mètre : Vrihatî.)

1. Fille du ciel. Aurore, lève-toi, et apporte-nous tes richesses et ton opulente abondance. Déesse brillante et généreuse, (viens) avec tes trésors.

2. La prière sainte a souvent contribué à l’heureux établissement (de l’homme) ; elle lui a valu des chevaux, des vaches, des biens de toute espèce. Aurore, que ta présence inspire ma prière, et envoie-moi le bonheur des riches.

3. Elle est née déjà, elle va briller, cette divine Aurore ; elle met en mouvement les chars, qui, à son arrivée, s’agitent (sur la terre), comme sur la mer les (vaisseaux) avides de richesses.

4. Parmi ces pères de famille dont la piété salue ton apparition pour obtenir tes largesses, il n’est pas d’enfant de Canwa plus dévoué que celui qui, en ce moment, invoque ton nom.

5. L’Aurore, comme une bonne mère de famille, vient pour protéger (le monde). Elle arrive, arrêtant le vol du (génie) malfaisant de la nuit[3], et excitant l’essor des oiseaux.

6. L’Aurore excite également l’homme diligent et le pauvre. Elle est ennemie de la paresse. À tes clartés, (ô déesse) riche en présents, il n’est plus d’être ailé qui s’oublie dans le repos.

7. La voilà qui, dans la région lointaine où se lève le soleil, attelle ses chevaux. L’heureuse Aurore vient trouver les fils de Manou avec des centaines de chars (tout chargés de richesses).

8. Le monde entier, à son aspect, se prosterne. Sage et opulente, elle fait la lumière. L’Aurore, fille du ciel, par ses rayons chasse nos ennemis et confond leur haine.

9. Fille du ciel, Aurore, brille de ton doux éclat ! Apporte-nous le bonheur et l’abondance, éclaire nos sacrifices.

10. Prévoyante (déesse), dès l’instant que tu brilles, tu deviens la vie, le souffle de l’univers. (Apparais) sur ton large char, riche et resplendissante ; écoute notre prière.

11. Aurore, accorde-nous ces aliments divers qui conviennent au genre humain ! Approche-toi de ces hommes innocents et pieux qui ont pour toi des hymnes et des oblations !

12. Aurore, amène ici du ciel tous les dieux à nos libations ! Accorde-nous, Aurore, une abondance telle, que nous soyons renommés pour nos vaches, nos chevaux et notre vigueur.

13. Que l’Aurore, dont nous apercevons les heureuses clartés, nous donne la richesse si belle, si désirée ; que cette richesse nous vienne doucement !

  1. Soudas est un fils de Tchyavâna. L’auteur l’appelle Soudas et non Soudâsa, comme portent les Pourânas. Ce mot signifie libéral ; le commentateur en fait un nom commun.
  2. Je suppose que l’auteur désigne ici les biens qui peuvent provenir de l’air par les pluies, et du ciel par la chaleur du soleil.
  3. Ce passage renferme le mot vridjanam, dont le sens est embarrassant parce qu’il est varié. Il me semble qu’en recourant à la racine vridj (couvrir), on arrive à se rendre compte des diverses significations de vridjanam : c’est la chose qui couvre, qui protège, qui défend ; c’est le ciel, le sacrifice, le combat. Dans un sens passif, c’est la chose dont il faut se garantir, comme le mal, la nuit.