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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.


HYMNE XII.

À Agni, par Prascanwa, fils de Canwa.

(Mètre : Vrihatî.)

1. Agni, (dieu) immortel surnommé Djâtavédas[1], donne à ton serviteur ces biens divers et solides qu’apporte l’Aurore. Amène avec toi aujourd’hui les dieux que le matin éveille.

2. Agni, tu es le messager chéri (des dieux) ; tu te charges de nos holocaustes, et sur ton char tu transportes nos sacrifices. Compagnon des Aswins et de l’Aurore, accorde-nous cette large opulence qui vient avec la force.

3. En ce jour nous honorons Agni, le messager divin, notre refuge et l’ami des hommes ; (Agni) qui élève son étendard de fumée, qui se répand en lumière, et qui, à l’heure du matin, devient le trésor du sacrifice.

4. Au point du jour j’invoque Agni, qui est le bien de tous ; (Agni) toujours jeune, toujours bon, hôte vénéré, maître chéri ; et je le supplie de me conduire vers les autres dieux.

5. Je chanterai la louange, ô toi qui soutiens constamment le monde, sauveur immortel, sacrificateur, Agni, digne de nos hommages et porteur de nos holocaustes.

6. (Dieu) jeune, toi que célèbre avec raison ton serviteur, toi qu’on vénère avec sollicitude, et dont la langue est flattée de nos douces offrandes, daigne accorder à Prascanwa[2] une longue vieillesse, et honore une race divine.

7. Les hommes allument tes feux, ô sacrificateur dont la bienfaisance est universelle. Agni, que tant d’êtres implorent, hâte-toi d’amener ici les dieux connus par leur sagesse.

8. Avec Savitri, l’Aurore, les Aswins, Bhaga, c’est toi, Agni, que les fils de Canwa invoquent et le matin et le soir. C’est toi dont ils font briller les feux, versant leurs libations ; toi qui dois porter leurs holocaustes et recevoir leurs hommages.

9. Agni, tu es le maître des sacrifices, et un messager pour les mortels. Amène aujourd’hui, pour qu’ils goûtent de nos libations, les dieux fortunés que l’Aurore éveille.

10. Agni, foyer de lumière, et brillant pour tous les yeux, tes clartés ont accueilli les anciennes aurores. Tu es dans nos hameaux un protecteur, un prêtre que Manou a constitué pour nos sacrifices[3].

11. Comme faisait Manou, ô divin Agni, nous te plaçons pour consommer notre offrande, toi, prêtre, sacrificateur ; toi, messager immortel, sage, et rapide.

12. Fidèle à tes amis, quand, pontife rapproché de nous, tu remplis ton office de messager des dieux, alors tes clartés s’élèvent comme les vagues bruyantes de la mer.

13. Agni, toi qui prêtes l’oreille à notre voix, écoute, et fais-toi accompagner des dieux, nos protecteurs ; que Mitra, Aryaman (et les autres) viennent avec le Matin à notre sacrifice, et prennent place sur le cousa.

14. Que les Marouts, bienfaiteurs généreux, entendent notre hymne ; qu’ils reçoivent notre offrande qui fait leur bonheur, et que leur transmet la langue d’Agni ; que Varouna, ferme en ses desseins, boive nos libations, et (se présente) avec les Aswins et l’Aurore.


HYMNE XIII.

À Agni, par Prascanwa.

(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô Agni, honore en ce jour, par tes saintes clartés, les Vasous, les Roudras, les Adityas ; sois propice à la race religieuse de Manou, qui répand les libations de beurre (consacré).

2. Agni, les dieux sont sages, et accordent à leur serviteur le prix fortuné de sa piété. Ô toi que nos chants célèbrent, toi que traînent des chevaux rouges, amène les trente-trois dieux[4].

3. Dieu qui possèdes tous les biens et qui accomplis les grandes œuvres, écoute l’invocation de Prascanwa, comme jadis celle de Priyamédha[5], d’Atri[6], de Viroûpa[7], d’Angiras.

4. Se plaisant dans l’œuvre sainte et poursuivant leur grande mission, les (prêtres) implorent le secours d’Agni, qui, au milieu des sacrifices, brille d’un pur éclat.

5. Ô toi que l’on honore par des libations de

  1. On explique ce mot de diverses manières. Djâtavedas est le dieu qui connaît les choses nées, ou dont le bien est né ; c’est-à-dire le dieu qui pénètre dans tous les êtres pour les animer, ou qui est l’auteur de tous les biens parmi les êtres. Je ne cite pas les autres explications.
  2. Prascanwa est le fils de Canwa, auteur de l’hymne précédent.
  3. Ou bien : un prêtre qui est un mortel comme nous. C’est le double sens aussi du mot Manouchvat, qui est dans le vers suivant.
  4. Voy. lecture iii, note 3, col. 2, page 63.
  5. Les Pourânas citent Priyavrata, mais non Priyamédha, comme fils de Manou Swâyambhouva.
  6. Atri est un ancien Richi, ainsi qu’Angiras.
  7. Viroûpa est un prince, fils d’Ambarîcha, et arrière-petit-fils de Manou.