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[Lect. III.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE

attente n’y sera pas trompée par de vains apprêts.

5. Puissants Adityas, qu’il aille directement vers vous, le sacrifice offert en votre honneur.

6. Le mortel (que vous aimez) obtient la richesse, toute espèce de biens, de la famille ; il est à l’abri du malheur.

7. Amis, comment célébrerons-nous dignement la gloire de Mitra, d’Aryaman et de Varouna, dont la forme est si grande ?

8. (Ô dieux), je me garderai de vous recommander un homme accoutumé à la violence et aux imprécations ; (je vous présente) un mortel religieux, et je vous entoure de ses offrandes.

9. (Tel que le joueur), qui doit craindre tant que son partenaire tient les quatre dés dans sa main, (celui que je vous recommande) doit être modeste en ses paroles, (placé qu’il est sous le coup de votre disgrâce).


HYMNE X.

À Pouchan, par Canwa.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Poûchan, deviens notre guide sur cette route ; enfant de la libation[1], détourne le mal de devant nos pas ! Ô dieu, sois notre compagnon de voyage !

2. Ô Poûchan, si quelque brigand, pareil à un de ces loups dont il faut se méfier, s’offrait à nous montrer le chemin, éloigne-le de nous !

3. Daigne, loin de notre passage, écarter ce brigand qui assiège les routes, ardent à voler, et méditant le crime !

4. Terrasse et foule sous ton pied le corps palpitant du voleur, quel qu’il soit, qui emploie la violence ouverte aussi bien que la ruse !

5. Poûchan, dieu sage et secourable, nous demandons ton secours, tel que celui que tu as prêté à nos pères !

6. Ainsi, toi qui possèdes tous les biens, toi qui brilles si magnifiquement par tes armes d’or, donne-nous des richesses que nous honorerons par nos libéralités.

7. Éloigne ceux qui s’approchent de nous (pour nous frapper) ; aplanis pour nous les chemins. Poûchan, viens ici participer à notre sacrifice.

8. Conduis-nous dans un bon pâturage. Qu’une nouvelle maladie ne nous attaque pas en route. Poûchan, viens ici participer à notre sacrifice.

9. (Pour nous) sois puissant, sois généreux ; donne-nous de la richesse, de la gloire, une nourriture abondante. Poûchan, viens ici participer à notre sacrifice.

10. Nous ne voulons point offenser Poûchan ; (au contraire), nous le célébrons par nos hymnes. (En récompense), nous attendons les trésors de sa libéralité.


HYMNE XI.

À Roudra[2] et à Soma, par Canwa.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Quand saluerons-nous de nos chants Roudra le sage, le bienfaisant, le fort, l’ami de notre cœur,

2. Afin que Aditi produise pour nous, pour nos troupeaux, nos hommes, nos vaches et nos enfants, tous les biens qui sont du ressort de Roudra ;

3. Afin que Mitra, Varouna, Roudra et tous les dieux, touchés de nos prières, nous favorisent également ?

4. Nous supplions Roudra maître des chants divins, maître des sacrifices ; Roudra, qui envoie la pluie pour guérir nos maux : qu’il nous accorde le bonheur de Samyou[3].

5. Roudra brille tel que l’or, tel qu’un soleil éclatant ; Roudra, le meilleur des dieux et notre refuge.

6. Qu’il répande sa bénédiction sur nos chevaux, nos brebis, nos béliers, nos vaches, nos hommes et nos femmes.

7. Ô Soma[4], accorde-nous la fortune, l’abondance, et la force de cent personnes !

8. Ô Soma, que nul méchant, que nul ennemi n’ait prise sur nous ! ô Indou, donne-nous notre part de prospérité !

9. Ô Soma, viens dans ce foyer, dans cette noble demeure du sacrifice, te joindre (aux prières) qui naissent de toi ! Ô Soma, toi qui es comme le prince immortel (de cette fête), écoute (ces prières) qui célèbrent ta gloire !

  1. Je traduis le mot vimoutch par libation. Voy. lecture ii, note 3, col. 1, page 52. Le commentateur le traduit par nuage. Si Poûchan est une forme du soleil, je ne conçois pas qu’il soit l’enfant du nuage. Aussi le commentateur prétend-il qu’ici Poûchan, c’est la fécondité de la terre, qui est un effet de la pluie. Je n’ai pu adopter son explication.
  2. Roudra, dieu terrible et chef des vents, doit être l’air personnifié. C’est, sous d’autres noms, Vâyou, Mâtariswan, Marout.
  3. Voy. note 4, col. 1, page 63.
  4. Soma, comme nous l’avons déjà vu, est la libation personnifiée : on lui donne aussi le nom de Indou. Les deux mêmes noms s’appliquent encore à la lune.