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[Lect. III.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

Savitri vient de la région lointaine (où il a séjourné), pour détruire tout ce qui est mal.

4. Sur ce large char qui s’avance vers nous, tout brillant d’ornements d’or, (attelé de coursiers) que presse un aiguillon d’or, Savitri est monté, (Savitri) resplendissant de mille lumières, digne de nos hommages, possédant la vertu de repousser ses rayons ténébreux[1].

5. Ses (chevaux) noirs, (pendant la nuit), allongent leurs pieds blancs ; et, sur un char dont le train est d’or, ils amènent la lumière aux hommes ; devant le char du divin Savitri se lèvent toujours et les mortels, et tous les êtres créés.

6. Des trois mondes[2] deux appartiennent au domaine de Savitri ; le troisième est la demeure d’Yama et le séjour des morts. Comme le char est soutenu par l’essieu, tout ce qui est immortel est supporté par le soleil. C’est là une vérité que chacun peut proclamer.

7. Le noble (dieu qu’on appelle) Asoura[3] s’élève par un mouvement insensible, et vient, comme porté sur des ailes, se révéler aux cieux. Où est en ce moment[4] le soleil ? qui peut le savoir ? quelle région éclaire son rayon ?

8. Savitri, le dieu à l’œil d’or, éclaire les huit régions de la terre[5] les êtres qui habitent les trois mondes et les sept rivières[6]. Il vient, distribuant ses largesses à ses serviteurs.

9. Savitri, (dieu) à la main d’or[7] (dieu) clairvoyant, s’avance entre le ciel et la terre. Il tue la douleur, il s’unit (au disque) du soleil[8], ou traverse l’air sous sa forme ténébreuse[9].

10. Que le noble Asoura, à la main d’or, qui fait notre bonheur et possède la richesse, vienne vers nous. Éloignant les Rakchasas et les mauvais génies, qu’il soit pour nous un dieu toujours présent, chaque matin célébré par nos hymnes.

11. Ô Savitri, par ces routes antiques et solides, (ces routes) faciles et dépourvues de poussière, que tu suis dans le ciel, viens aujourd’hui pour nous garder et daigne, ô dieu, converser avec nous.


HYMNE IV.

À Agni par Canwa, fils de Ghora.

(Mètre : Vrihatî.)

1. Par des hymnes solennels, nous implorons, au nom de l’assemblée religieuse (ici réunie), le grand Agni, que tant d’autres invoquent comme nous.

2. Agni, augmente la force des mortels ! Nous t’honorons par des holocaustes ; sois-nous aujourd’hui favorable, sois notre protecteur, (ô dieu) qui possèdes la richesse !

3. Nous te choisissons pour être le messager (des dieux) et le sacrificateur, toi qui renfermes tous les biens. Tes feux grandissent et s’étendent : tes rayons touchent au ciel.

4. Pour les dieux Varouna, Mitra, Aryaman, s’allument les feux de leur antique messager. Le mortel qui t’honore, ô Agni, obtient par toi toute l’opulence (qu’il souhaite).

5. Agni, tu es pour les mortels un heureux messager, un sacrificateur, un gardien du foyer domestique, une source de joie. Toutes les œuvres fortes et constantes qu’accomplissent les Dévas se font par ton concours.

6. Par toi, Agni, toujours jeune et fortuné, se consomment tous les holocaustes ; sois-nous favorable et aujourd’hui et dans l’avenir, et, par les sacrifices que nous offrons, augmente la force des dieux.

7. C’est Agni surtout, (Agni) brillant de son propre éclat, que les hommes viennent honorer par leurs hommages ; ce sont les feux d’Agni qu’ils allument par leurs offrandes, quand ils veulent être vainqueurs de leurs ennemis.

8. (C’est avec lui que les autres dieux) ont vaincu Vritra et lui ont donné la mort ; (avec lui qu’ils) ont étendu le ciel, la terre et les eaux, pour en faire le domicile (des êtres). Qu’(Agni) soit pour Ganwa, qui l’invoque, un riche bienfaiteur ; (qu’il le dirige vers la richesse) comme le cheval hennissant (porte le guerrier) vers les vaches (de ses ennemis).

9. Prends place (sur notre cousa) ; tu es noble, grand, et digne de nos hommages. Brille donc, Agni, le bien-aimé des dieux, et enveloppe-toi d’une fumée éclatante et remarquable !

10. Toi que les Dévas ont allumé ici-bas en faveur de Manou, objet précieux du sacrifice et

  1. Voir la note précédente.
  2. Suivant le commentateur, ces trois mondes (dyâvas) sont le dyouloca, le bhoûrloca et le monde d’Yama, où les âmes des morts se rendent par la route de l’air.
  3. Voy. lecture ii, note 2, col. 1, page 55. Ce mot asoura se traduit par les mots sarvéchâm prânada.
  4. On est au moment du sacrifice qui précède l’aurore.
  5. Les points cardinaux, si l’on compte le zénith et le nadir, sont au nombre de dix. Les huit points que l’on marque à l’horizon sont les quatre principaux (disas) et les quatre intermédiaires (pradisas). Le commentateur donne le nom de vidisas aux points intermédiaires.
  6. Voy. plus haut, lecture ii, note 3, col. 1, page 61.
  7. Voy. lecture ii, note 2, col. 1, page 52.
  8. Voy. lecture ii, note 3, col. 2, page 54.
  9. Plus haut, note 4, col. 2, page 63.