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[Lect. II]
INDE. ― POÉSIE LYRIQUE.

12. Divin Agni, par tes secours protège notre fortune et nos personnes ! Tu mérites nos louanges. Tu conserves les vaches du fils de ton fils[1] toujours attentif à perpétuer ton culte.

13. Agni, tu étends ta protection sur le serviteur constant dans ses hommages. Tes quatre yeux[2] brillent et s’allument. Tu chéris la prière du prêtre qui te présente l’holocauste ; car (tu es) bon et clément.

14. Agni, tu aimes (et dispenses) cette richesse enviée qui est le premier vœu de ton chantre respecté. Protecteur prévoyant du faible, tu reçois le nom de père ; ta haute sagesse gouverne depuis l’enfant jusqu’aux (habitants des) régions célestes.

15. Agni, l’homme qui se répand en pieuses générosités, tu le couvres de tout côté comme d’une épaisse cuirasse. Le (père de famille) qui, aux agréments qu’il prépare à ses hôtes, aux doux aliments qu’il leur donne, ajoute encore le sacrifice d’une victime vivante[3], ne peut être comparé qu’au ciel[4].

16. Agni, si nous avons commis une faute, si nous avons marché loin de toi, pardonne-nous. Tu es un parent, un père, un défenseur prévoyant. En faveur des mortels qui offrent le soma, tu apparais pour accomplir le sacrifice.

17. Agni, toi qui fus Angiras, (dieu) saint, viens en ces lieux avec ces sentiments qu’avaient autrefois Manou, Angiras, Yayâti[5] et les anciens. Viens ici, amène la troupe céleste, fais-les placer sur le cousa, et consomme le sacrifice.

18. Agni, que ta grandeur croisse par l’effet de cet hymne que nous t’adressons suivant nos forces et notre science ! Conduis-nous à la richesse, et avec la sagesse accorde-nous aussi l’abondance.


HYMNE XIII.

À Indra, par Hiranyastoûpa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Je veux chanter les antiques exploits par lesquels s’est distingué le foudroyant Indra. Il a frappé Ahi[6], il a répandu les ondes sur la terre, il a déchaîné les torrents des montagnes (célestes).

2. Il a frappé Ahi, qui se cachait au sein de la montagne (céleste) ; (il l’a frappé) de cette arme retentissante formée pour lui par Twachtri[7] ; et les eaux, telles que les vaches qui courent vers leur étable, se sont précipitées vers la mer.

3. Indra, impétueux comme le taureau, se désaltérait de notre soma ; pendant les Tricadrous[8] il buvait de nos libations. Cependant Maghavan[9] a pris la foudre qu’il va lancer comme une flèche ; il a frappé le premier-né des Ahis.

4. Indra, quand ta main a frappé le premier-né des Ahis, aussitôt les charmes de ces magiciens sont détruits ; aussitôt tu sembles donner naissance au soleil, au ciel, à l’aurore. L’ennemi a disparu devant toi.

5. Indra a frappé Vritra, le plus nébuleux de ces ennemis. De sa foudre puissante et meurtrière, il lui a brisé les membres, tandis qu’Ahi, tel que l’arbre attaqué par la hache, gît étendu sur la terre.

6. Comme s’il n’avait point de rival à craindre, enivré d’un fol orgueil, (Vritra) osait provoquer le (dieu) fort et victorieux, qui a tant de fois donné la mort. Il n’a pu éviter un engagement meurtrier, et l’ennemi d’Indra d’une poussière humide a grossi les rivières.

7. Privé de pieds, privé de bras, il combattait encore Indra. Celui-ci le frappe de sa foudre sur la tête, et Vritra, cet eunuque qui affectait les dehors de la virilité, tombe déchiré en lambeaux.

8. Ainsi qu’une digue rompue, il est couché par terre, et recouvert de ces eaux dont l’aspect charme notre cœur. Ces ondes, que Vritra em-

  1. Cet hymne est l’ouvrage d’Hiranyastoûpa, fils d’Angiras, et par conséquent d’Agni incarné dans cette famille.
  2. Allusion aux quatre points principaux de l’horizon, vers lesquels le feu lance à la fois ses clartés.
  3. Dans ces anciens temps on immolait quelquefois une vache, pour complaire aux hôtes que l’on recevait le jour d’un sacrifice solennel ; de là vient qu’un hôte se nommait Goghna. Nous verrons plus loin le sacrifice du cheval. Le commentateur indique un autre sens ; il ne s’agirait pas d’une victime vivante, pasou, mais d’une offrande, d’un présent fait à une personne vivante, par exemple, aux prêtres assistants.
  4. Soit à cause de sa générosité, soit à cause de son bonheur.
  5. Yayâti est le cinquième roi de la race lunaire.
  6. Ces grands exploits d’Indra sont des allégories toutes physiques. Ahi, c’est le nuage se développant comme un serpent ; Vritra c’est le nuage obscur qui voile le soleil, âvaraca.
  7. Voy. lecture i, note 5, col. 1, page 48.
  8. Les tricadrous sont, à ce qu’il paraît, trois sacrifices ; les jours où ils arrivent sont appelés tricadrouca, autrement âbhiplâvica. Le commentaire parle de ces trois sacrifices, qui se nommeraient djyotih, gôh, ayouh ; mais il ne donne pas d’autres détails. Le mot cadrou semblerait indiquer des cérémonies faites pendant un temps noir et couvert.
  9. Nom d’Indra, dispensateur des richesses.