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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.
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2. Deux Vents soufflent, l’un de la mer, l’autre du continent lointain. Que le souffle de l’un te donne la force ; que le souffle de l’autre emporte le mal.

3. Ô Vent, apporte-nous le remède. Ô Vent, dissipe le mal. Tu possèdes tous les médicaments ; tu es l’envoyé des Dieux.

4. (Le Vent parle). « Je viens à toi avec le bonheur et la santé. Je t’apporte la force et la beauté ; j’emporte la maladie. »

5. Que les Dieux, que les Marouts nous protégent. Que tous les êtres conservent ce (mortel) à l’abri de tout mal.

6. Les Ondes sont salutaires ; les Ondes repoussent la maladie. Elles renferment toute espèce de remèdes. Qu’elles te donnent la guérison.

7. Nous étendons vers toi nos mains qui sont comme ornées de dix rameaux. Notre langue exprime nos paroles ; nous t’adressons une prière[1].


HYMNE XIX.
À Indra, par Angakhya, fils d’Ourounaman.
(Mètre : Djagatî.)

1. Ô Indra, ces (Angiras) tes amis, qui portent (l’holocauste) et honorent Rita, ont déchiré (le sein de) Bala. À la prière de Coutsa, ils ont amené les Aurores, délivré les Eaux, et (détruit) l’œuvre d’Ahi.

2. Tu as donné la liberté aux Vaches fécondes (du ciel), tu as fendu les montagnes (aériennes), tu as pris le miel (de la libation). Tu as fait pousser les arbres. À la voix de Rita, par l’œuvre d’Indra, le Soleil a brillé.

3. Au milieu du ciel le Soleil a lancé son char. L’Arya a pu se mesurer avec le Dasyou. Indra, allié de Ridjiswan, a brisé les villes de Piprou, cet Asoura magicien.

4. Invincible, inébranlable, il a rompu la force et détruit les trésors de l’impie. Tel que le Soleil qui (saisit) les mois, excité par nos chants, il s’est emparé des richesses de la ville (céleste), et de son arme éblouissante a frappé ses ennemis.

5. Le vainqueur de Vritra, n’ayant plus d’armée à combattre, distribue les dépouilles que sa foudre a conquises. L’ennemi a fui, effrayé par le tonnerre d’Indra ; le Soleil accourt purifier (le monde), et l’Aurore a laissé son char.

6. Voilà tes exploits que l’on célèbre. Seul, tu as déchiré l’impie qui se faisait ton rival. Tu as soutenu dans les airs (l’astre) qui forme les mois. Par toi le (Ciel) père (du monde), retrouve le cercle de sa roue que (Vritra) avait fendu.


HYMNE XX.
Au Soleil. — Richi : Viswavasou.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Savitri, aux cheveux brillants, couronné des rayons du Soleil, a élevé à l’orient sa lumière immortelle. À sa vue Poûchan, sage gardien de tous les mondes, commence sa course.

2. Le (Soleil), qui jette son regard sur les hommes, se place au milieu des airs, remplissant le ciel, la terre, l’atmosphère. Ami de notre ghrita, il éclaire toutes les régions, de l’orient à l’occident.

3. Source de richesses, maître de l’opulence, il répand sa splendeur sur tous les corps. (Sotîrya), tel que le divin Savitri, ou tel que le juste Indra, distribue ses bienfaits.

4. Ô Soma, les Ondes, avides de voir le Gandharwa Viswâvasou[2], sont sorties avec Rita. Indra les accompagne et les excite. Il les voit environner et escorter le Soleil.

5. Que Viswâvasou, le céleste Gandharwa qui mesure les airs, nous indique ce qui est bon et que nous ignorons. Qu’il reçoive nos prières et daigne les exaucer.

6. Qu’Indra, dans ses fonctions de Gandharwa[3], trouve sur la route le Nuage ; qu’il ouvre aux Ondes les portes de pierre qui les retiennent. Qu’il proclame leur vertu immortelle, et reconnaisse la force de ces élèves d’Ahi.


HYMNE XXI.
À Agni. — Richi : Agni.
(Mètres : Vichtâra, Pankti, Vrihatî, Djyotich et Trichtoubh.)

1. Ô Agni, trésor de lumière, tu es pourvu d’holocaustes magnifiques ; tes rayons sont resplendissants. Ô (Dieu) brillant et sage, tu possèdes pour ton serviteur une abondance renommée.

  1. Littéralement : nous te touchons. Car les mains élevées en l’air semblent toucher le vent.
  2. Wiswâvasou est un nom du Soleil, qui ailleurs s’appelle Vibhâvasou. Voy. page 564, col. 2, note 2.
  3. Un Gandharwa est un habitant du ciel, un voyageur à travers les plaines de l’air.