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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

voqué par nous, bois pour conquérir la richesse et la puissance. Bois, et verse (dans ta poitrine) cet agréable breuvage.

2. Ô Indra, bois de cet heureux soma que nous te présentons, et que nous versons pour toi. Viens à notre prière ; réjouis-toi, et donne-nous le bonheur et la richesse.

3. Ô Indra, que ce céleste soma t’enivre ; qu’il t’enivre, versé dans (des coupes) de terre[1]. Qu’elle t’enivre, (cette liqueur) qui t’a fait déchirer (le nuage) chargé de biens. Qu’elle t’enivre, (cette liqueur) qui te fait terrasser tes ennemis.

4. Que le généreux Indra, qui appartient à deux (mondes)[2], vienne près de nous ; que ses deux coursiers l’amènent à nos offrandes. Ô vainqueur de terribles ennemis, bois de ce doux (breuvage) que nous t’apportons, et qui a été purifié sur la (peau de) vache.

5. Déploie tes armes acérées. Brise la force des mauvais génies. Je veux doubler ta redoutable énergie. Attaque tes ennemis, et frappe-les au milieu de leurs clameurs dissonantes.

6. Ô Indra, partage-nous les dépouilles fécondes de l’ennemi. Telle qu’un arc solide, que ta puissance (terrasse) tes adversaires. Viens, grandis, donne à ton corps une vigueur indomptable.

7. Ô brillant Maghavan, c’est à toi que cet holocauste est présenté : reçois-le avec bonté. Pour toi, ô magnifique Indra, ces mets et ces libations. Mange et bois de nos offrandes.

8. Mange, ô Indra, ces holocaustes que nous t’apportons. Prends ces aliments, ces mets, ce soma. (Les mains) chargées d’offrandes, nous voulons te plaire. Que les vœux du sacrificateur soient exaucés.

9. Comme on lance un vaisseau à la mer, je lance ma prière et mon hymne au sein d’Indra et d’Agni. Tels que des prêtres empressés à plaire (aux Dieux), que les Dieux nous comblent de biens, et répandent sur nous leurs largesses !


HYMNE XII.
Éloge de la bienfaisance, par Bhikchou, fils d’Angiras.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Les Dieux ne nous ont point condamnés à la faim, ni à la mort ; car les humains ont une ressource dans (la maison) du riche. L’opulence de l’homme bienfaisant ne périra point. Le méchant ne trouve point d’ami.

2. Quand le riche se fait une âme dure pour le pauvre qui demande à manger, pour l’indigent qui l’aborde, quand il garde tout pour lui, il ne trouve point d’ami.

3. L’homme bienfaisant, bon pour le malheureux qui a faim et qui vient dans sa maison, trouve de l’honneur dans le sacrifice et des amis parmi les autres.

4. Ce n’est point un ami que celui qui refuse à manger à un ami, son commensal. Qu’on s’éloigne de cette maison étrangère ; qu’on cherche un autre maître plus obligeant.

5. Que le riche soulage celui qui a besoin, et qui trouve la route trop longue. La fortune tourne comme les roues d’un char, et visite tantôt l’un et tantôt l’autre.

6. Je le dis en vérité : le mauvais (riche) possède une abondance stérile : cette abondance est sa mort. Il ne sait honorer ni Aryaman ni Mitra. C’est un pécheur invétéré, qui mange tout (son bien).

7. Mais le soc de la charrue, ouvrant sa voie féconde à travers les guérets, augmente l’aisance du (bon) riche. Le prêtre instruit est plus respectable que le (prêtre) ignorant. Le bienfaiteur généreux doit l’emporter sur (l’avare) égoïste.

8. Celui qui n’a qu’un pied va plus lentement que celui qui en a deux. Celui qui a deux pieds court moins vite que celui qui en a trois. Celui qui a quatre pieds dépasse promptement les autres en marchant sur leurs traces.

9. Les deux mains se ressemblent, et ne font pas la même œuvre. Deux vaches, qui ont été mères en même temps, ne donnent pas le même lait. Deux frères jumeaux ne possèdent pas la même force. Deux hommes, quoique du même sang, ne sont pas également généreux.


HYMNE XIII.
À Indra, par Agniyouta, fils de Sthoula.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Agni, (Dieu) aux œuvres pures, tu brilles parmi les mortels sur ton foyer, et tu donnes la mort au méchant.

2. Invoqué par nous, tu te lèves devant le jus de la cuiller (sacrée), qui fait ta force et ta joie.

3. Agni brille, appelé par nous, et chanté par

  1. Le commentaire entend : Versé parmi les hommes.
  2. Dwibarhas. Le commentaire comprend qu’Indra doit sa grandeur à deux choses, à l’hymne et À la libation.