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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

merveilleux (Soma), les Ondes divines, premiers nés de Rita, se récrièrent promptement.

2. Le royal et clément Soma aussitôt amena une épouse à Brahman. Varouna et Mitra l’accompagnaient ; Agni le sacrificateur la conduisait par la main.

3. Il la conduisait donc par la main, et tous ils dirent : « Voilà l’épouse de Brahman. » Elle ne fut point remise à un ambassadeur : elle se présenta elle-même. C’est ainsi que sans intermédiaire un roi s’empare de son trône.

4. En la voyant, les dieux et les sept antiques Richis qui siégent près du foyer embrasé, s’écrièrent ! « Voilà l’épouse de notre prêtre, terrible (pour les méchants !) Il possède sur son trône celle qu’il est difficile d’acquérir. »

5. Brahman, qui est Vrihaspati, s’agite et s’étend pour honorer les Dieux : il devient leur bouche. Il reçoit Djouhou que lui amène Soma, et que lui présentent les Dévas.

6. Oui, les Dévas la présentent, ainsi que les enfants de Manou, ainsi que les rois qui rendent hommage à l’épouse de Brahman.

7. En donnant une épouse à Brahman, les Dévas raniment sa faiblesse. Ils entretiennent les aliments du foyer, et révèrent (le dieu) dont la gloire n’a point de bornes.


HYMNE V.
Aux dieux Apris[1], par Djamadagni.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Dieu possesseur de tous les biens, sous le nom de Samiddha, tu honores aujourd’hui les Dieux dans la maison de Manou. Amène ton char brillant d’un doux éclat ; tu es un sage messager, tu es un prophète prudent.

2. Ô toi (qu’on appelle) Tanoûnapât[2], de ta langue caressante touche le miel de l’offrande, et rends plus onctueuse la voie de Rita. Sois l’ornement de nos œuvres pieuses, et, au milieu des Dévas, embellis nos cérémonies.

3. Grand et vénérable Agni, ô toi que nous invoquons et qui es le maître de la richesse, toi que l’on surnomme Idya[3], tu es le sacrificateur des Dieux. Digne toi-même de notre hommage nous t’envoyons pour les honorer.

4. Au point du jour on arrache le Gazon qui, tourné vers l’orient, doit couvrir le sol de l’enceinte (sacrée). En l’honneur des dieux et d’Aditi, il est heureusement étendu en long et en large.

5. Telles que des épouses parées pour leurs époux, que les Portes divines s’ouvrent pour les Dieux dans toute leur largeur. Ô (Portes) grandes et magnifiques, laissez entrer (ces nobles hôtes).

6. Que la Nuit et l’Aurore, déesses adorables et célestes, grandes et brillantes, viennent heureusement s’asseoir à notre foyer, et se succèdent pour nous apporter leurs précieux trésors.

7. Que les deux sacrificateurs[4] divins, à la parole sainte, soient les premiers à diriger Manou dans ses pieuses pratiques ; qu’ils ordonnent le cours des cérémonies, et indiquent le point où doit se lever la lumière à l’Orient.

8. Que Bhâratî accoure à notre sacrifice avec Saraswatî, et Ilâ qui comme Manou préside (à nos prières). Que ces trois déesses, aux œuvres fortunées, se placent sur cet heureux gazon.

9. Ô sacrificateur éclairé et digne de nos hommages, nous allumons tes feux aujourd’hui : honore le divin Twachtri qui a formé tous les mondes, et le Ciel et la Terre, nos premiers parents.

10. Répands la libation ; dans le moment favorable jette l’holocauste sur la route des Dieux. Que Vanaspati le victimaire, que le divin Agni donnent à cet holocauste la douceur du savoureux ghrita.

11. Agni, qui vient de naître, est le maître du sacrifice et le guide des Dieux. Qu’à l’appel de ce sacrificateur, qu’à la voix de Rita, les Dieux consomment l’holocauste accompagné de la Swâhâ.


HYMNE VI.
À Indra, par Achtadanchtra, fils de Viroupa.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô sages, apportez la prière et les vœux des mortels. Nous voulons dans nos hymnes célébrer Indra. C’est un héros puissant qui aime la (voix) des chantres.

2. Gardien du séjour des ondes[5], il a brillé.

  1. Il est plusieurs hymnes adressés à cette espèce de dieux. Voy. page 47 et 134.
  2. Voy. page 135, col. 1, note 1.
  3. Synonyme du mot îlita, employé page 48, col. 1 et page 135. col. 1.
  4. Comme nous l’avons déjà dit, ces deux sacrificateurs, dont le caractère était pour nous incertain (page 135, col. 1, note 9) sont Agni et Aditya.
  5. Le texte porte le mot rita, auquel le commentaire donne le sens de eau.