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[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

13. À ce (dieu) antique, qui désire (nos louanges), je chanterai un hymne nouveau. Qu’il l’écoute. Que cet hymne le touche au cœur, comme une aimable et belle épouse (touche) son mari.

14. Par lui nous demandons des chevaux, des taureaux, des bœufs dociles, des béliers. Au sage Agni, que j’arrose de soma, j’envoie de cœur et la belle prière et la libation.

15. Agni, l’holocauste a été jeté dans ta bouche, comme le ghrita (est versé) dans la cuiller, et le soma dans le vase (sacré). Donne-nous une large et glorieuse opulence, qui nous assure l’abondance, la renommée et la puissance.


HYMNE VII.
Aux Viswadévas, par Saryata, fils de Manou.
(Mètre : Djagatî.)

1. (Honorez) l’illustre et riche sacrificateur, le maître des peuples, le conducteur du char sacré, l’hôte de la nuit[1]. (Dieu) adorable et généreux, il brille en dévorant la ramée du bûcher ; il devient l’étendard (des jours), et va s’asseoir au ciel.

2. (Les hommes et les Dieux) ont fait Agni pour être le conducteur du char (lumineux), et l’inébranlable auteur du sacrifice. Ils adorent celui qui est grand comme (le soleil) colorant (le monde), qui, né de l’éclat de son propre corps[2], devient le précurseur de l’Aurore.

3. En l’honneur de ce (dieu) qui mérite tous ces hommages, nous accomplissons les rites (sacrés) ; nous présentons les mets qu’il doit manger. Aussitôt, que ses (flammes) terribles auront pris leur essor immortel, que (les prêtres) répandent (la libation) destinée à la race divine.

4. (Comme) une longue chaîne sortie de Rita, (se déroulent) l’immense voûte du Ciel, la vaste étendue de l’Air, la grande surface de cette Terre que nous ne saurions trop louer. Alors apparaissent ces (dieux) pleins d’une force pure, Indra, Mitra, Varouna, Bhaga, Savitri.

5. Les Ondes, que pousse Roudra, se détachent, et roulent sur la grande terre. Le (Dieu) rapide, qui avec elles parcourt[3] (les airs), mugit au sein (des nuages), et féconde le monde.

6. Les Marouts, enfants de Roudra et amis des hommes, habitants du (nuage) qui porte la vie[4], s’élancent dans le ciel comme des éperviers. Et ces dieux, enivrés de soma en même temps qu’Indra, Varouna, Mitra, Aryaman, leur apportent la sérénité.

7. Les sages, qui célèbrent Indra, obtiennent de ce dieu généreux et fort une protection efficace et la vue du soleil. Ce sont eux qui, dans leurs fêtes, font la grandeur de ce (Dieu), et forgent sa foudre.

8. Le Soleil, pour lui plaire, amène ses chevaux. Tous craignent la puissance d’Indra. Quand ce (dieu terrible) et libéral respire, on entend chaque jour sortir son sein la voix du tonnerre invincible.

9. Chantez Roudra ; présentez l’offrande à ce (dieu) puissant et protecteur. Riche, glorieux, fortuné[5], avec les violents et rapides (Marouts), il (nous) jette (ses présents) du haut du ciel.

10. Amis de Soma et ardents à perpétuer leur race, les (Richis) ont apporté la nourriture du généreux Vrihaspati. Atharwan le premier a, par le sacrifice, affermi la force des Dieux. Les Bhrigous ont suivi son exemple.

11. Ainsi sont honorés le Ciel et la Terre à la semence féconde, Narâsansa[6] aux quatre membres[7], Yama, Aditi, le divin Twachtri, Dravinodâs[8], les Ribhoukchâs[9], les Marouts, Vichnou.

12. Que le sage Ahirboudhnya, étendu (dans le ciel), entende l’invocation de ses fidèles serviteurs[10]. Ô vous, Soleil et Lune, qui suivez une route différente et habitez le ciel, ô vous, Nuit et Jour[11], écoutez la prière qu’on vous adresse.

13. Que Poûchan, que le fils des Ondes[12], ami

  1. Ces mots hôte de la nuit (Aktoratithih) me semblent avoir la même signification que l’épithète Kchapâvân donnée à Indra. Le sacrifice a lieu dès le matin, au moment où la nuit se retire. Dans la stance suivante, aktouh a le sens de randjakah, et se rapporte au Soleil.
  2. Tanoûnapat.
  3. Paridjman : cette épithète désigne ici le Vent.
  4. Asoura.
  5. Sivah ; c’est le mot qui a remplacé Roudra dans la mythologie postérieure.
  6. Surnom d’Agni. Voy. page 48, col. 1, et alibi.
  7. Ailleurs Agni a quatre têtes : allusion aux quatre points cardinaux.
  8. Nom d’Agni. Voy. 49, col. 2, note 2, et alibi.
  9. Classe de demi-dieux.
  10. Le texte porte le mot ousidj.
  11. Le texte présente les mots sami et nahouchî, que le commentaire traduit par terre et ciel. Il explique le mot samî par carmavatî. J’ai pensé que c’était plutôt le Jour et la Nuit, surtout après les observations que j’ai déjà faites sur les mois Nahouch et Nahoucha. Voy. page,300, col. 1, note 1.
  12. C’est-à-dire Agni.