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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.
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frande d’un miel agréable. Ma voix murmure la prière. Buvons ensemble les premiers.


HYMNE XIII.
À Manyou, par Manyou.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Ô Manyou, compagnon des Marouts, qu’ils viennent avec toi sur un même char, ces héros folâtres et vainqueurs, qui brisent (tous les obstacles), qui portent des flèches aiguës et des traits affilés qui ont la forme de feux embrasés.

2. Ô puissant Manyou, tel qu’Agni, brille et triomphe dans les batailles ! Viens, nous t’invoquons. Frappe nos ennemis, et donne-nous leurs richesses. Sois fort, et repousse nos adversaires.

3. Ô Manyou, viens, et renverse ceux qui nous attaquent. Brise, abats, détruis nos ennemis. Ta puissance terrible ne connaît point d’obstacle. À ton gré tu commandes, ô (Dieu) qui es né sans pareil.

4. Oui, Manyou, pour la force de tes bras tu es incomparable. Nous te célébrons. Excite les peuples au combat. Ô (Dieu) qui brilles d’un éclat inaltérable, quand nous t’avons pour compagnon, nous poussons le cri joyeux de la victoire.

5. Tel qu’Indra, tu procures le triomphe ; tu provoques la louange. Ô Manyou, sois ici notre protecteur. Ô (Dieu) fort, nous célébrons ton nom chéri. Nous connaissons cette source où tu puises ta grandeur.

6. Ô (Dieu) triomphateur, qui es le tonnerre et le trait fatal, tu es né avec la victoire, et tu possèdes la force. Ô Manyou, que tous les hommes invoquent, viens nous couvrir de ta puissance. Répands sur nous tes trésors.

7. Que Varouna et Manyou nous comblent tous les deux de leurs plus beaux présents. Que les ennemis qui jettent la terreur dans nos cœurs soient vaincus et anéantis.


HYMNE XIV.
Noces de Sourya[1]. — Richi : la fille de Savitri.
(Mètres : Anouchtoubh et Djagatî.)

1. La Vérité a consolidé la Terre ; le Soleil a consolidé le Ciel. Par la vertu du sacrifice, les Adityas s’affermissent, et Soma s’étend dans la région céleste.

2. Par Soma les Adityas sont forts ; par Soma la Terre est grande. Soma est venu se placer près des grandes étoiles.

3. Le (sacrificateur), qui désire la libation, pense à Soma, dont la plante est broyée (sous le pilon). Soma est reconnu par les prêtres ; mais il ne forme pas encore un breuvage (sacré).

4. Ô Soma, observé par tes gardiens, protégé par tes surveillants, tu reposes dans le mortier, et tu subis une heureuse (fermentation). Mais tu ne formes pas encore un breuvage terrestre.

5. Quand le moment de te boire est venu, ô Dieu, tu suffis à une suite de libations. Vâyou est le gardien de Soma, qui marque la division des années et des mois[2].

6. Cependant une jeune fiancée, issue de Rébha[3], se présente au milieu des chants sacrés. C’est Soûryâ, qui s’avance revêtue par l’Hymne d’une robe éclatante.

7. L’Adresse[4] a formé ses atours ; la Vue[5] a surveillé sa toilette. Le Ciel et la Terre ont fourni sa parure, quand Soûryâ vient trouver son époux.

8. Les Chants ont préparé son char ; le mètre Courîra en est le conducteur. Les Aswins sont ses deux commissaires[6] ; Agni, son messager.

9. Soma a désiré Soûryâ pour épouse ; les deux Aswins furent ses commissaires, lorsque Savitri

  1. Soûryâ, la fille du Soleil, est ordinairement l’Aurore. J’hésite, malgré l’autorité du commentateur, à reconnaître ici l’Aurore dans Soûryâ, en la voyant successivement épouse de Soma, du Soleil, d’Agni, du fils de Manou. Mais c’est qu’en effet la Lumière du matin s’unit à la libation, au soleil, au sacrifice, à l’homme ; ou bien le mot Soûryâ me semblerait devoir prendre la signification générale que lui donne M. Wilson, a new bride, nom sous lequel on désigne peut-être Ilâ. Le lecteur verra si ma conjecture est juste, comme aussi il jugera si le commentaire a raison de regarder ici Soma comme le même personnage que Tchandramas ou la Lune.
  2. Ces stances sont entendues par le commentateur, comme devant se rapporter à Tchandramas. Mon point de vue est différent du sien, et ma traduction ne peut ressembler à la sienne. Cependant cette phrase où il est dit que Soma marque la division des années et des mois indique bien une des fonctions de Tchandramas. Mais ne peut-on pas penser que Soma, par ses libations périodiques, indique aussi bien cette division ?
  3. Rébha est le nom d’un chantre ; et Soûryâ, naissant au milieu des chants du sacrifice, semble être la fille de ce vénérable Richi (Rébhâ).
  4. Déesse qui porte le nom de Tchitti.
  5. Tchakchons.
  6. Le mot du texte est varah, pour lequel les dictionnaires ne me semblent pas présenter un sens convenable. Je rendrais cette idée par le mot latin pronubus.