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[Lect. VIII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

honneur. Nous avons, comme les Bhrigous, fabriqué un char (sacré). Nous avons enfanté pour vous une longue lignée d’Hymnes. Nous avons marié la (Prière) avec le (Sacrifice).


HYMNE VIII.
Aux Aswins, par Ghochâ.
(Mètre : Djagatî.)

1. Nobles héros, où va votre char brillant ? Quel mortel pare, pour son bonheur, ce (char) puissant qui apparaît le matin, et chaque jour est amené par la Prière au milieu des Œuvres (saintes) ?

2. Ô Aswins, où êtes-vous la nuit ? où êtes-vous le jour ? Où vous montrez-vous ? où est votre demeure ? Où peut-on aller vous saluer, comme la veuve rend hommage au frère de son mari, comme l’épouse flatte son époux.

3. Ainsi que de vieux (rois), vous vous éveillez le matin au bruit de nos louanges. Vous venez chaque jour dans nos demeures pour y être adorés. Qui allez-vous attaquer ? ou plutôt, tels que deux fils de roi, quel sacrifice allez-vous visiter ?

4. Pareils à des chasseurs qui attendent l’éléphant sauvage, nous vous appelons soir et matin par nos holocaustes. Ô vaillants héros, maîtres de la splendeur, les mortels, au moment favorable, vous présentent leurs offrandes, et vous leur apportez l’abondance.

5. Ô nobles Aswins, fille de roi, Ghochâ vous honore. Je vous invoque, je vous prie. Venez à moi le matin et le soir. J’ai pour vous un char et des chevaux ; ma suite est magnifique.

6. Vous êtes sages, ô Aswins ! Vous montez sur le char que vous a préparé le chantre votre serviteur, (inséparables) comme Coutsa (et Indra). Ô Aswins, tels que l’abeille, apportez-nous votre miel. Soyez comme la femme qui (verse la liqueur) dans notre coupe.

7. Ô Aswins, vous avez sauvé Bhoudjyou[1], Vasa[2] et votre chantre Sindjâra[3]. Le sacrificateur, par ses présents, capte votre amitié. J’implore votre secours et votre bienfaisance.

8. Ô Aswins, vous avez délivré Crisa[4], et Sayou, et le (serviteur) qui vous honore, et la veuve[5] qui vous supplie. Vous avez, ô Aswins, pour vos généreux adorateurs ouvert ce pâturage (céleste) où retentit la foudre, et d’où s’échappent sept torrents[6].

9. L’épouse est née[7]. Que l’époux se présente. Les rameaux s’élèvent sur le foyer. Les Ondes (sacrées) tombent avec impétuosité. Le jour des noces est arrivé pour le (dieu).

10. Cependant les Richis s’agitent dans leur service ; ils font entendre des cris de joie[8], et forment la longue chaîne de leurs cérémonies, heureux de donner de merveilleux enfants aux pères (du sacrifice), et de placer de telles épouses dans les bras de leurs époux.

11. Mais nous n’avons pas encore vu (l’époux). (Ô prêtres), dites-le hautement ; et cependant le jeune (époux) doit habiter la même demeure que sa jeune (épouse). Entrons ensemble, ô Aswins, dans l’asile (d’Agni), de ce taureau puissant, entouré de ses vaches chéries.

12. Ô Aswins, trésor d’abondance, que votre bonté vienne sur nous : nos cœurs sont remplis de désirs. Soyez tous deux nos protecteurs, ô maîtres de la splendeur ! Que nous jouissions (des rayons qui brillent) dans les demeures d’Aryaman !

13. Partagez les plaisirs de la maison de Manou, et donnez à votre chantre une opulence accompagnée d’une forte famille. Que notre sacrifice soit pour vous un tîrtha aux ondes agréables. Éloignez de nous cet (ennemi) insensé qui se place sur la route comme un poteau, pour nous surprendre.

14. En quel lieu, dans quelle famille les Secourables Aswins, ces maîtres de la splendeur, se livrent-ils aujourd’hui au plaisir ? Qui les arrête en ce moment ? Quel est le sage ou le sacrificateur dont ils visitent la maison ?

  1. Voy. page 109, col. 2 et alibi.
  2. Vasa était foulé par un éléphant. Voy. page 109, col. 2 et alibi.
  3. Le commentaire dit que c’est un nom d’Atri.
  4. Voy. page 526, col. 2, note 1.
  5. Cette veuve est Badhrimatî, dit le commentaire.
  6. Le texte porte le mot saptâsya, qui signifie doué de sept bouches. Le poëte fait allusion aux sept torrents célestes.
  7. Le commentaire croit que Ghochâ, l’auteur de l’hymne, parle d’elle-même dans ce passage, et qu’elle appelle l’époux qui lui est destiné. Il me semble qu’il est ici question de l’union mystique de la Prière et de son dieu, au milieu de la joie des Rites ou des prêtres, qui sont les pronubi de ce mariage.
  8. Ils poussent des vivat ! (djîvam roudanti).