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[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.



HYMNE IV.
À Soma, par Parwata et Narada, fils de Canwa, ou deux des Sikandins, enfants de Casyapa, ou deux Apsaras.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Amis, en l’honneur du pur (Soma), placez-vous sur le gazon (sacré), et chantez. Soignez-le comme votre nourrisson, et ornez-le par vos sacrifices.

2. Qu’il soit avec les (Ondes) ses mères, comme le veau avec la vache. Honneur de notre maison, gardien des Dévas, il inspire une forte ivresse aux hommes et aux dieux.

3. Purifiez ce (dieu) qui apporte la vigueur. Qu’il nous donne la force, qu’il soit l’honneur du sacrifice, et le bonheur de Mitra et de Varouna.

4. Nos voix t’appellent, ô toi qui possèdes la richesse. Nous enveloppons tes formes de la couleur du lait.

5. Ô Indou, ô maître des (saintes) ivresses, tu revêts un corps brillant. Sois pour nous un ami qui connaisse les plus heureuses voies.

6. Que tes bontés n’aient point de terme. Chasse le Rakchasa avide, impie, frauduleux. Éloigne de nous le mal.


HYMNE V.
À Soma, par Parwata et Narada.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Amis, célébrez le pur et enivrant (Soma). Qu’il soit comme un nourrisson que vous charmiez par vos sacrifices et vos chants.

2. De même que le veau (est allaité par la vache), Indou est nourri par les (Ondes), ses mères. Ami des dieux, il leur inspire une douce ivresse, et se trouve orné par la prière.

3. Que cette douce liqueur coule pour nous donner la vigueur et la force, pour être l’honneur du sacrifice et le bonheur des dieux.

4. Ô puissant Indou, accorde-nous des vaches et des chevaux. Je veux à ton onde pure mêler le lait de la vache.

5. Ô Indou, maître des coursiers azurés[1], tu revêts le corps le plus brillant. Sois pour nous un ami qui nous prête un éclatant appui.

6. Que tes bontés n’aient point de terme. Ô Indou, triomphe de l’impie Rakchasa. Éloigne de nous un (ennemi) frauduleux.


HYMNE VI.
À Soma, par Agni, fils de Tchakchous, Tchakchous, fils de Manou, Manou, fils d’Apsounaman.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Que ces flots salutaires, brillants, impétueux, naissent promptement, et coulent vers le généreux Indra.

2. Soma vient pour donner son secours à Indra au milieu de la lutte. À peine l’a-t-il vu, que déjà il lui assure la victoire.

3. Dans le transport de son ivresse, qu’Indra saisisse son arc triomphant ; et pour vaincre les Eaux, qu’il lance sa foudre généreuse.

4. Parais, ô vigilant Soma ! Ô Indou, coule pour Indra. Apporte ta force brillante et salutaire.

5. Inspire à Indra ta généreuse ivresse, ô (Dieu) prudent, qui étends partout tes rayons, et qui pour t’échapper sais t’ouvrir mille voies.

6. Plein de miel pour les dieux, tu connais surtout la route (de notre sacrifice). Coule avec bruit par tes mille torrents.

7. Ô Indou, répands avec force ta rosée pour honorer les dieux. Ô Soma aussi doux que le miel, viens t’asseoir au vase (du sacrifice).

8. Tes flots rapides ont enivré Indra. Les dieux ont bu tes ondes, qui donnent l’immortalité.

9. Apportez-nous la richesse, ô pures Libations ! Brillez dans la pluie, coulez sur la terre, et donnez-nous le salut.

10. Soma, pur et limpide, précipite ses flots sur le filtre de laine, et répond par son murmure à la voix de l’Hymne.

11. L’Œuvre (sainte) donne l’essor au rapide (Soma), qui vient en se jouant sur le filtre de laine et dans nos (coupes) de bois. La Prière applaudit à ce (dieu), qui trois fois (arrose) le dos (d’Agni)[2].

12. Il s’élance dans les vases (du sacrifice), comme le rapide coursier au milieu des combats. Il accourt, ce (dieu) pur qui donne naissance à la Prière.

13. Beau et brillant, il coule avec impétuosité dans les différents bassins, et apporte à ses chantres la gloire que fondent les héros.

14. Va donc t’unir aux dieux. Répands ta rosée

  1. Le texte porte le mot hari, qui est un des noms de la liqueur de Soma. Ces coursiers ne sont autre chose que les flots mêmes de la libation.
  2. Traduction de l’épithète triprichtha.