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[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.


HYMNE X.
À Indra, par Courousouti.
(Mètres : Gâyatrî et Vrihatî.)

1. Satacratou à peine né dit à sa mère : « Quels sont ces cris terribles que l’on entend[1] ? »

2. « Ce sont, » dit la puissante (déesse), Ornavâbla et Ahîsouva[2]. Ô mon fils, qu’ils soient vaincus par toi ! »

3. Le vainqueur de Vritra les a brisés avec sa foudre[3], tels que les rayons d’une roue dans le moyeu du char. Il a grandi, et a frappé les Dasyous.

4. Qu’Indra, d’un seul trait, boive donc les trente libations de soma qui lui plaisent.

5. Dans ces demeures aériennes qui n’ont point de fondations, Indra a frappé le (Nuage), Gandharva (céleste), pour le bien de ses dévots serviteurs.

6. Indra a lancé sa longue flèche sur les montagnes (de l’air), et il en a extrait pour nous une nourriture abondante.

7. Ô Indra, tu as pour compagne une flèche incomparable qui a cent pointes et cent ailes.

8. Maintenant que tu es grand et fort, que cette (flèche) te serve à procurer l’abondance à ceux qui te chantent, hommes et femmes.

9. Dans ta haute sagesse tu as fait, agrandi, consolidé tous ces ouvrages, dont la force frappe nos regards.

10. Que Vichnou, aux larges pas, dépêché par toi, nous découvre toutes ces œuvres. Ô Indra, (fais que) le sanglier (céleste nommé) Émoucha[4] nous donne des centaines de (ruisseaux) féconds, et une (heureuse) abondance de lait nourricier.

11. Ton arc fortuné est façonné avec art, et frappe des coups nombreux. Ta flèche d’or est sûre. Tes deux bras sont chargés d’ornements ; ils s’étendent pour nos plaisirs et notre bonheur.


HYMNE XI.
À Indra, par Courousouti.
(Mètres : Gâyatrî et Vricritri.)

1. Ô vaillant Indra, apporte-nous d’abondantes offrandes. (Donne-nous) des centaines, des milliers de vaches.

2. Donne-nous des vaches, des chevaux, des parfums, des ornements d’or.

3. Ô vainqueur puissant, apporte-nous des pendants d’oreille. Daigne nous entendre.

4. Ô sage et vaillant Indra, il n’est personne qui ait plus de grandeur, plus de bienfaisance plus de générosité que toi.

5. Indra ne saurait être vaincu ; Sacra ne saurait être dompté. Il entend tout, il voit tout.

6. Il est invincible, et déjoue les projets des mortels : il prévient jusqu’à leurs mauvaises pensées.

7. (Indra) donne la mort à Vritra, et quand son ventre est rempli de soma, son œuvre est puissante en faveur de son pieux serviteur.

8. Ô généreux Soma, en toi sont réunis tous les biens. Le bonheur est fixé en toi.

9. Mon désir s’attache à toi, et demande de l’orge, des vaches, de l’or, des chevaux.

10. Ô Indra, mon hymne sollicite le don qui est dans ta main. Ô Maghavan, quelle que soit la quantité de grain qui la remplit, daigne la jeter sur (mon champ).


HYMNE XII.
À Soma, par Critnou, fils de Bhrigou.
(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Soma est digne de nos éloges ; il est sage et prudent ; il est invincible et puissant ; il surmonte, il brise tous les obstacles.

2. Il couvre ce qui est nu ; il guérit ce qui est malade ; par lui l’aveugle voit, le boiteux marche.

3. Ô Soma, quand nos ennemis nous accablent, c’est toi qui nous couvres de ta protection.

4. (Dieu) aux flots abondants, par ta sagesse et ta force, soit au ciel, soit sur la terre, délivre-nous du pécheur et du méchant.

5. Les pauvres vont à la richesse ; ils s’adressent à la générosité d’un bienfaiteur. Que ceux qui ont soif soient satisfaits.

6. S’il sait que ses (dons) ont péri (entre les

  1. Le début de cet hymne se retrouve plus haut, hymne xiv, lecture iii, st. 4.
  2. Noms de deux Asouras.
  3. Ici se retrouve le mot khédâ avec le âkhidati. Voy. plus haut page 445, col. 1, note 4.
  4. Ce sanglier (varâha) est le nuage chargé de pluie, et percé par la foudre d’Indra. Il en sort des ruisseaux, que dans son langage le poëte appelle des Mahichâh (buffles), par allusion sans doute à leur nature sauvage, à leurs bonds désordonnés au milieu de la plaine. Un avatare de Vichnou a eu ce nom de carâha.