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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SIXIÈME.

point la défaite. Il s’élève par sa force au-dessus de tous ces Panis[1], de tous ces avares qui ne connaissent que les jours des échéances.

11. Quant à nous, ô Indra, ô vainqueur de Vritra, ô (Dieu) qui portes la foudre, et qui es partout invoqué, nous t’apportons toujours de nouveaux, de nombreux hommages, comme salaire de tes bienfaits.

12. Ô Indra fameux par tes hauts faits, tes perfections sont nombreuses. Les hommes demandent tes secours. Éloigne nos ennemis. (Dieu) puissant et protecteur, visite nos sacrifices et entends mon invocation.

13. Ô Indra, que tout le monde invoque, tous ces sages te sont dévoués. Ô Maghavan, aucun autre que toi ne peut faire notre bonheur.

14. Délivre-nous de l’ignorance, de la faim, de la méchanceté. Ô (Dieu) puissant et éclairé, (touché) de toutes nos prières, aide-nous de ton secours.

15. Versez donc votre soma. Ô enfants de Cali, ne craignez plus. Le méchant s’est enfui ; oui, de lui-même il s’est enfui.


HYMNE XI.
Aux Adityas, par Matsya, fils de Mahamina.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Nous implorons le secours des Adityas, ces guerriers[2] nobles et bienfaisants.

2. Que Mitra, Varouna, Aryaman et (les autres) Adityas nous fassent heureusement traverser le mal.

3. Le secours des Adityas est pour le serviteur qui les honore propice et mémorable.

4. Ô Varouna, Mitra, Aryaman, votre protection est grande. Je demande votre assistance.

5. Ô Adityas, défendez notre vie contre les coups qui la menacent. (Vous l’avez fait) autrefois ; car vous écoutez l’invocation.

6. Donnez-nous cette protection, (donnez-nous) cet appui que mérite un dévot serviteur.

7. Ô divins Adityas, en qui le mal serait une merveille, le pécheur possède un riche domaine : c’est le bien de (l’homme) sans reproche.

8. Que (le méchant) ne nous enchaîne point dans ses filets[3] ; qu’il nous laisse au grand (Indra), qui est le maître que nous avouons.

9. Ô Dieux sauveurs, ne nous livrez pas dans votre colère aux filets de nos ennemis.

10. Ô divine et bonne Aditi, je t’appelle à notre secours.

11. Ô (Déesse) qui as de redoutables enfants, rends infructueuse la pêche de ceux qui veulent notre perte. Qu’aucun mal n’arrive à nos enfants.

12. Ô bonne (Déesse), dont le pouvoir et l’influence s’étendent au loin, donne-nous la liberté d’agir ; (donne) l’existence à nos enfants.

13. Les (Adityas) sont les chefs de tous les êtres ; invincibles, glorieux et cléments, ils gardent toutes leurs œuvres.

14. Ô Adityas, délivrez-nous de la gueule des loups. Ô Aditi, (fais que) le brigand soit comme enchaîné.

15. Ô Adityas, que la funeste Sarou[4] s’éloigne sans nous faire de mal.

16. Ô bienfaisants Adityas, puissions-nous toujours, comme autrefois, jouir de votre protection !

17. Ô Dieux sages, éloignez le mal du mortel qui ne cesse de vous honorer, et prolongez sa vie.

18. Ô Adityas, ô Aditi, que cet hymne vous dispose en notre faveur, et contribue à nous délivrer des chaînes qui semblent nous envelopper.

19. Ô Adityas, votre zèle doit nous tirer du danger. Soyez bons pour nous.

20. Nous vous honorons[5], ô Adityas. Faites, comme autrefois, que Sarou, douée d’une funeste activité, ne nous frappe point par la maladie.

21. Déracinez la haine, le mal, le péché, qui sont de tout côté disposés contre nous.

  1. Nous savons que les Panis sont ces Asouras qui amassent les trésors des nuages, et ne les livrent qu’avec regret. Ils accumulent, comme les usuriers, les ondes célestes qu’Indra finit par leur redemander, intérêt et principal.
  2. Le poëte les appelle Kchatriyas.
  3. Cet hymne est attribué à un poëte nommé Matsya, mot qui signifie poisson. Le commentaire trouve dans ce vers et les suivants une allusion au pêcheur, qui dans ses filets veut prendre le poisson. Je n’ai point partout adopté cette idée.
  4. Il paraît que c’est le nom donné à la Révolution du temps, déesse malfaisante, qui donne la mort. Le commentaire entend ce mot du filet jeté par le pêcheur.
  5. Le texte porte ici le mot vivaswatah, que le commentaire regarde comme le génitif de vivaswat, pensant que ce mot est synonyme d’Yama, dieu de la mort. Je crois que le mythe pourânique du soleil, appelé Vivaswân, n’existait pas encore. D’ailleurs le nom d’Yama serait Vêvaswata.