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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

votre bienveillance vienne vers nous, comme une vache (féconde).

5. Ô Véridiques Aswins, votre char a trois siéges, et des rayons d’or : il orne autour de nous le ciel et la terre. Venez sur ce (char) fameux.

6. Vous avez jadis donné à Manou la lumière du ciel ; vous lui avez appris à labourer avec la charrue et (à semer) l’orge. Ô Aswins, maîtres de la splendeur, nous vous célébrons, nous vous invoquons aujourd’hui.

7. (Dieux) généreux, trésor d’abondance, venez à nous par les voies du sacrifice, que vous avez suivies pour apporter la force et la grandeur à Trikchi, fils de Trasadasyou.

8. Pour vous, ô héros, source de richesses, ce soma a été extrait des mortiers. Venez le prendre ; buvez dans la maison de votre serviteur.

9. Ô Aswins, source de richesses, montez sur votre char tout orné d’or, et chargez-le d’abondantes provisions.

10. Ô Aswins, venez promptement vers nous avec ces secours qui ont sauvé Paktha, Adhrigou, et Babhrou votre fidèle serviteur[1].

11. Ô Aswins, ô (Dieux) fermes dans vos œuvres, nous vous invoquons en ce jour, nous prêtres aussi fermes dans nos œuvres.

12. Héros vainqueurs et généreux, ô vous que glorifient nos holocaustes, écoutez mon invocation, qui se prête à toutes les formes et que chérissent tous les (dieux), et arrivez avec ces secours qui ont fait naître une source (pour Gotama)[2].

13. C’est vous, ô Aswins, que j’honore, que j’invoque en ce jour. C’est à vous que nous adressons nos adorations.

14. C’est vous, ô maîtres de la splendeur, qui suivez la voie de Roudra, c’est vous que nous implorons le matin et le soir. Ô (Dieux) terribles, trésor d’abondance, ne nous abandonnez pas au mortel notre ennemi.

15. Adorables Aswins, venez le matin avec votre char m’ouvrir une heureuse route. Je vous appelle comme ferait un père, comme si vous étiez deux enfants de Sobhari.

16. (Dieux) généreux, aussi rapides que la pensée, qui possédez tous les biens et savez abattre l’orgueil, venez à notre secours, et couvrez-nous d’une protection prompte et entière.

17. Ô nobles et secourables Aswins, qui aimez le miel (de nos libations), donnez-nous une maison riche en chevaux, en vaches, en or.

18. (Dieux) sauveurs, trésor d’abondance, nous vous demandons pour nos guerriers une force supérieure et invincible qui puisse nous mettre à l’abri. Venez, et (donnez-nous) tous les biens.


HYMNE III.
À Agni, par Viswamanas, fils de Vyaswa.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Célèbre un (dieu) accessible (à nos prières) ; honore (Agni), possesseur de tous les biens, entouré d’une mobile fumée, doué d’un éclat invincible.

2. Ô sage Viswamanas, célèbre dans ton hymne le bienfaisant Agni, qui donne des chars au (sacrificateur) exempt d’orgueil.

3. Digne de nos chants et vainqueur (de tes ennemis, Agni) prend nos offrandes et nos holocaustes ; avec sagesse il les porte (aux dieux) au nom desquels il accepte ces présents.

4. (Dieu) immortel, il apparaît avec splendeur ; sa dent est brûlante, sa flamme lumineuse, ses rayons richement groupés.

5. Lève-toi, ami de nos sacrifices ; la sainte Prière t’appelle. Viens à nous entouré d’un grand éclat.

6. Ô Agni, à la voix de nos prières, arrive, et va, en qualité de messager, porter nos holocaustes aux (dieux) auxquels ils peuvent être destinés.

7. Pour vous j’invoque l’antique Agni, le prêtre des humains. Je l’implore par cette prière. Je le chante en votre nom.

8. (Dieu) admirable par ses œuvres, et tel qu’un ami placé au milieu d’un peuple pieux, on le charme par le sacrifice et l’invocation.

9. Il est saint, il est sacrificateur ; et dans la demeure du sacrifice, de saints prêtres viennent le flatter par leurs chants.

10. Que nos Rites sacrés, que nos Prières s’assemblent devant le premier des Angiras, qui est, au milieu des nations, le plus glorieux des sacrificateurs.

11. Ô immortel Agni, tes larges rayons sont allumés, féconds et rapides, tels que de vigoureux coursiers.

  1. Paktha et Babhrou sont deux rois. Adhrigou est un Richi dont il a déjà été question. Voy. plus haut, page 110, col. 1, note 2. Adhrigou est aussi une épithète employée dans le vers qui suit, pour les Aswins comme pour les prêtres qui les invoquent.
  2. Voy. page 114 et 293.