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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION CINQUIÈME.

15. Que, parmi les dieux adorables, les immortels, qui méritent surtout nos hommages et les sacrifices de Manou, et pour lesquels s’allument les feux de Rita, nous accordent un (fils) dont la gloire s’étende au loin. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.





LECTURE QUATRIÈME.
HYMNE I.
À Agni, par Vasichtha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Que le Rite divin s’élève de l’enceinte du sacrifice. Soûrya, avec ses rayons, a mis en liberté les vaches (célestes). La Terre a découvert ses vastes sommets. Agni vient d’allumer ses larges feux, rivaux (du soleil).

2. Ô Mitra et Varouna, ô vous qui donnez la vie[1], recevez comme une offrande nos hymnes et nos chants. Je le dis : « L’un de vous (Varouna) est un maître invincible, un gardien du devoir ; Mitra anime les êtres vivants. »

3. Le Vent court comme en se jouant. Les vaches (divines) ont donné leur lait. Né au séjour céleste, le fécond (Pardjanya) a crié au sein du (nuage) qui est sa mamelle.

4. Héroïque Indra, (viens au sacrifice de celui) qui avec l’hymne attelle à ton beau char deux coursiers rapides et robustes. Puissé-je attirer ici le puissant Aryaman, qui confond la colère de son ennemi !

5. Les prêtres vont avec respect, dans la demeure de Rita, mériter par leurs sacrifices l’amitié de Roudra. Loué par eux, le (dieu) chérit leurs hommages, et leur envoie l’abondance.

6. Qu’elles s’approchent de nous, par amour (pour notre sacrifice), les sept (rivières) qui ont pour sœur Saraswatî ; mères fécondes[2] des eaux, trésor d’une onde bienfaisante, source abondante d’un lait nourricier.

7. Que les rapides et folâtres Marouts conservent nos œuvres et nos enfants. Que l’immortelle (Prière)[3] accoure, et nous reste fidèle. Que les Marouts répandent sur nous une richesse toujours croissante.

8. Honorez la (Terre), grande et opulente ; honorez Poûchan, comme vous feriez pour un héros digne de votre culte, Bhaga le gardien de notre œuvre (sainte), le sage et bienfaisant Vâdja[4] au moment de l’offrande.

9. Ô Marouts, que cet hymne aille vers vous : qu’il aille vers Vichnou, qui aime les libations de soma et qui nous protége. Qu’ils donnent à leur chantre des moissons et des enfants. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE II.
Aux Viswadévas, par Vasichtha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Vâdjas, ô Ribhoukchas[5] qu’un char invincible et commode vous amène pour entendre nos hymnes. Ô (Dieu) à la belle face, jouissez dans nos sacrifices de nos grandes et triples[6] libations.

2. Ô resplendissants Ribhoukchas, accordez à nos maîtres opulents une fortune inaltérable. Venez dans nos sacrifices prendre notre Swadhâ, et boire (nos libations). En échange de nos prières, donnez-nous vos riches présents.

3. Ô Maghavan, quelle que soit la grandeur de notre richesse, c’est toi qui en es le gardien et le dispensateur. Tes deux bras sont pleins de trésors. Notre hymne appelle tes dons.

4. Ô Indra, ô Ribhoukchas[7], tu es bon, glorieux, et digne de nos louanges. Tel que Vâdja, tu viens dans notre demeure. Ô (Dieu) que traînent deux chevaux azurés, puissions-nous, Vasichthas

  1. Asourâh.
  2. Saraswatî est à la fois une déesse du sacrifice, source intarissable des prières et des rites, et une des rivières qui, au nombre de sept, partent du ciel pour couler sur la terre. Je pense qu’il ne faut pas confondre ces deux acceptions du mot saraswatî. C’est là un tort, si je ne me trompe, de la mythologie pourânique. La Saraswatî est la rivière appelée aujourd’hui Sarsoutî.
  3. La déesse porte ici le nom d’Akcharâ : le commentaire la désigne par le synonyme de Vâg Dévati.
  4. Nom d’un Ribhou.
  5. Ce sont deux noms de Ribhous ; le poëte les emploie ici, comme désignant deux classes de divinités. Ribhoukchâs est aussi une épithète d’Indra, et l’on joint ici à ce mot l’épithète Sousipra, qui appartient au dieu du ciel. Ribhoukchâs fait au pluriel Ribhoukchanah.
  6. Au soma l’on ajoute du lait (kchira), du caillé (dadhi), du riz frit (saktou). C’est ainsi que le commentaire justifie l’épithète tripler. Je pense que cette épithète se rapporte plutôt aux trois libations faites le matin, à midi, et le soir.
  7. Ce mot est dans ce passage une épithète d’Indra. Le commentaire l’explique ainsi : Ribhounivâsakah ou Ribhoûnam iswarah.