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[Lect. VIII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

Vous avez le même père, vous formez un couple de frères dont les mères sont différentes.

3. Vous habitez ensemble le séjour de la libation, vers laquelle vous accourez, comme de rapides coursiers arrivent au pâturage. Ô Indra et Agni, dieux armés de la foudre, nous vous appelons à notre secours.

4. Ô Indra et Agni, ô dieux qui grandissez par le sacrifice, et qui aimez la gloire, vous approuvez la louange de celui qui, au milieu des libations, chante en votre honneur un hymne joyeux.

5. Ô Indra et Agni, quel mortel peut apprécier votre œuvre divine ? Unis sur le même char, vous y attelez des chevaux de forme différente[1].

6. Ô Indra et Agni, voici que vient le premier des êtres animés, (la déesse) qui n’a point de pieds[2] (et qui n’a qu’une tête). Elle quitte cette tête, dont la langue résonne harmonieusement, et se trouve marchant sur trente pieds.

7. Ô Indra et Agni, les guerriers tendent l’arc avec leurs bras (nerveux). Ne nous abandonnez pas dans ce conflit, quand il s’agit de conquérir les vaches.

8. Ô Indra et Agni, de cruels ennemis me brûlent de leurs traits impies. Éloignez leurs inimitiés ; retranchez-les (de la vue) du Soleil.

9. Ô Indra et Agni, vous avez des richesses célestes, qui nous procurent tous les plaisirs de la vie.

10. Ô Indra et Agni, vous que célèbre notre hymne et qui écoutez nos louanges et nos invocations, venez au bruit de nos prières boire notre soma.


HYMNE XIII.
À Indra et Agni, par Bharadwâdja.
(Mètres : Trichtoubh, Gâyatrî, Vrihatî et Anouchtoubh.)

1. Qu’il soit vainqueur de Vritra et jouisse de l’abondance, celui qui honore Indra et Agni, fameux par leur vigueur, maîtres de l’opulence, souverains puissants, et, dans leur puissance, dispensateurs de la force et de la fortune.

2. Ô (Indra) et Agni, vous avez combattu pour recouvrer les Vaches (célestes), les Ondes, la Clarté, les Aurores qui nous avaient été enlevées. Ô Indra, ô Agni, portés par de (vigoureux) coursiers, vous avez découvert les Régions (célestes), la Clarté, les belles Aurores, les Ondes, les Vaches (divines).

3. Ô Indra et Agni, vainqueurs de Vritra, venez avec cette force qui donne la victoire, avec les dons (que vous nous destinez). Ô Indra et Agni, comblez-nous des biens les plus beaux, les plus grands.

4. Ô Indra et Agni, j’invoque des (dieux) dont les antiques exploits sont célébrés. Vous ne voulez pas notre perte.

5. Ô Indra et Agni, nous vous invoquons, (dieux) terribles et funestes à vos ennemis. Daignez nous favoriser.

6. Ô (vénérables) Aryas[3], maîtres de la piété, vous donnez la mort à vos ennemis, aux lâches (Dasyous), à tous vos adversaires.

7. Ô Indra et Agni, que ces louanges vous touchent. (Dieux) fortunés, buvez nos libations.

8. Ô vaillants Indra et Agni, venez vers votre serviteur avec vos coursiers que le monde attend avec impatience.

9. Ô vaillants Indra et Agni, arrivez à notre sacrifice pour boire le soma que nous vous versons.

10. (Ô prêtre), fléchis (le dieu) qui de ses rayons enveloppe le bûcher, et qui noircit (son sentier) avec sa langue.

11. Le mortel qui devant le foyer honore la force d’Indra voit heureusement arriver les ondes qui lui apportent l’abondance.

12. Ô Indra et Agni, poussez vers nous les rapides coursiers qui vous portent, et qu’ils nous versent vos trésors d’abondance.

13. Ô Indra et Agni, je vous invoque tous deux ; je veux, par mes libations, obtenir votre opulente faveur. J’implore votre bienfaisance, vous qui distribuez aux hommes et des aliments et des richesses.

14. Ô dieux amis et fortunés, Indra et Agni, venez à nous avec des présents de vaches et de chevaux. Prouvez que nous avons raison de compter sur votre amitié.

15. Ô Indra et Agni, écoutez l’invocation de celui qui vous honore par son sacrifice et ses libations. Venez, arrivez à nos holocaustes, et buvez le miel de notre soma.

  1. Ce char est l’année ; les chevaux doivent être les jours, de grandeur différente, ou les diverses révolutions des temps.
  2. Voy. page 139, col. 2, note 2. L’Aurore, en disparaissant au bruit de la Prière du matin, se métamorphose en trente Mouhoûrttas, ou heures, qui composent la Journée, et sont comme les pieds sur lesquels elle s’avance. L’Aurore, qui est sa tête, n’a point de pieds, pada. Elle n’a qu’une existence éphémère à l’Orient, et ne marche pas dans le ciel.
  3. Voy. page 64, col. 2, note 2.