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INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

turage des vaches (célestes). Vainqueur puissant, tu frappes de ta foudre tous tes ennemis, tels que Vritra.

2. Bois donc, toi qui aimes nos libations et qui nous protéges, toi que l’on renomme pour ta superbe figure et qui exauces nos prières, toi qui portes la foudre et fends les montagnes (célestes), qui es traîné par deux coursiers azurés, ô Indra, et accorde-nous toute espèce de biens.

3. Bois donc, comme autrefois ; livre-toi au plaisir, écoute nos prières, et grandis à la faveur de nos hymnes. Découvre la face du soleil, augmente notre abondance, triomphe de nos ennemis, ô Indra, et envoie-nous les vaches (célestes).

4. Ô Indra, tu estimes nos offrandes. Que nos larges libations coulent en l’honneur d’un (dieu) fort et brillant. Que nos breuvages enivrent un vainqueur illustre, grand, incomparable.

5. C’est dans l’ivresse de nos libations que tu as établi le Soleil et l’Aurore, que tu as déchiré les épaisses (ténèbres) ; que tu as, ô Indra, imprimé un mouvement à cette grande et lourde montagne qui enveloppait les vaches (célestes).

6. Par ta puissance, par tes œuvres merveilleuses ces vaches ont été fécondées. Tu as ouvert les portes de leur pâturage, et, allié avec les Angiras, tu les as délivrées de leur vaste prison.

7. Ta grande œuvre, ô Indra, c’est d’avoir étendu la terre, d’avoir, par ta force, consolidé l’immensité du ciel. Tu es devenu le soutien de ces deux antiques parents qui ont des dieux pour fils, de ces deux grandes nourrices du Sacrifice.

8. Aussi, quand il fut question de combat, c’est toi, Indra, que les Dieux ont élu pour chef. Quand l’impie osa les provoquer, c’est Indra qu’ils ont choisi pour donner le bonheur (au monde).

9. Aussi, quand Indra, qui est la vie de tous les êtres, tua, dans le nuage où il était endormi, Ahi, qui l’avait insulté, le Ciel même, dans la crainte de sa colère, se courba deux fois sous le coup de sa foudre.

10. Car Twachtri, ô dieu grand et terrible, a fait pour toi ce foudre qui a cent nœuds et mille pointes. C’est avec cette arme, ô (dieu) qui aimes le soma, que tu as brisé Ahi, qui avait la hardiesse de venir t’attaquer.

11. Que les Marouts, que tous les dieux, dans leurs transports de joie, exaltent (ta gloire) ; que Poûchan, que Vichnou te préparent cent buffles[1] magnifiques. Que trois torrents d’enivrantes boissons coulent pour t’exciter à frapper Vritra.

12. La grande onde des rivières était enchaînée ; tu l’as délivrée de sa prison, et lancée en flots impétueux. Ô Indra, c’est toi qui as produit ces courants des régions (célestes), qui as précipité les vagues de cette mer (aérienne).

13. Que notre prière nouvelle puisse appeler sur nous les secours de cet Indra qui a tout créé, grand, terrible, puissant, accompagné d’une escorte vaillante, et, avec ses autres belles armes, balançant son tonnerre !

14. Ô Indra, donne à nos sages, brillant des feux (d’Agni), la force, l’abondance, la renommée, la richesse. Que nos seigneurs, ô Indra, obtiennent, à la prière de Bharadwâdja, une heureuse famille ! Ô Indra, fais-nous des jours sereins.

15. Puisse notre hymne nous donner des droits aux présents que dispense le dieu ! Puissions-nous vivre cent hivers, entourés de plaisirs et d’une généreuse lignée !


HYMNE II.
À Indra, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Chante cet Indra dont la force est triomphante, qui, toujours vainqueur, ne peut jamais être vaincu, et que tout le monde invoque. Par tes hymnes relève la grandeur de ce (dieu) indomptable, terrible, persévérant, de ce bienfaiteur des hommes.

2. Guerrier et pacifique, combattant et commensal du sacrifice, connu par ses mille prouesses, amené par le bruit (du tonnerre), partisan de notre soma, couvert de la poussière (des combats), ami des enfants de Manou, incomparable pour sa force, (tel est Indra).

3. Seul, tu as dompté les Dasyous. Garde les sujets de l’Arya, notre maître. Indra, telle est ta puissance ; montre que cette puissance ne change pas avec le temps.

4. Tu es déjà né bien des fois, ô robuste (Indra), et je sais quelle est la force d’un (dieu) tel que

  1. Le texte semblerait dire que ces buffles sont cuits (patchet). Je pense que le mot mahîcha, qui veut en effet dire buffle, doit être entendu des rayons brûlants de Poûchan et de Vichnou. Ils sont personnifiés sous la forme de buffles, pour être attelés au char d’Indra.