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[Lect. I.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

tous les biens, celui que tu visites et qui te reçoit comme son hôte.

3. Ô Agni, sois vainqueur pour notre félicité ; répands sur nous tes plus beaux présents. Dirige-nous dans l’accomplissement des devoirs d’époux et d’épouse. Arrête l’accroissement de nos ennemis.

4. Ô Agni, je salue le riche trésor de tes flammes. Tu es un généreux bienfaiteur, et tu brilles dans les sacrifices.

5. Ô Agni, ô toi que nous invoquons, que tes feux honorent les dieux. Tu es entouré d’heureux sacrifices, et tu portes les holocaustes.

6. Invoquez, honorez Agni, et dans la pompe de vos cérémonies révérez celui qui porte les holocaustes.


HYMNE XXI.
À Agni, par Goriviti, fille de Sakti.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Dans les sacrifices qui se célèbrent en l’honneur des dieux, les enfants de Manou ont établi trois feux étincelants, trois foyers de lumière céleste[1]. Mais toi, Indra, ce sont les Marouts[2] eux-mêmes, purs et vigoureux, qui te célèbrent. Tu es leur sage Richi.

2. Quand les Marouts ont animé par leurs voix Indra, avide et heureux de notre soma, il prend la foudre, et, frappant Ahi, il donne la liberté aux grandes Ondes.

3. Ô Marouts, qui faites ici l’office de chantres (sacrés), qu’Indra boive donc de mon soma limpide. Cet holocauste lui appartient. C’est Indra, avide de notre soma, qui a découvert les vaches (célestes) et donné la mort à Ahi.

4. Indra a étendu et consolidé le ciel et la terre ; il les accompagne dans leur marche, épouvantant la bête sauvage qui veut couvrir les airs. Il la repousse avec force, et le fils de Danou, respirant à peine, est terrassé.

5. Ô Maghavan, c’est pour reconnaître ta puissance que tous les dieux te cédèrent la coupe de soma, quand tu as en faveur d’Étasa arrêté dans leur course les cavales du char de Soûrya[3].

6. Lorsque Maghavan a d’un seul coup de foudre brisé les quatre-vingt-dix-neuf villes[4] de (Sambara), les Marouts, au milieu de l’assemblée (céleste), chantent sur le mètre Trichtoubh cet Indra qui a frappé (l’ennemi) du ciel.

7. Agni, devenu son ami, a fait brûler en son honneur les chairs de trois cents victimes. En même temps Indra, dans l’espoir de son triomphe sur Vritra, a bu les trois coupes de soma que lui versait Manou.

8. Quand Maghavan eut mangé les chairs des trois cents victimes, quand il eut bu les trois coupes de soma, tous les Dévas ont réclamé de lui, comme un devoir, qu’il frappât Ahi.

9. Et lorsque, arrivant à la maison de Coutsa sur vos chevaux rapides et vainqueurs, vous demandiez le combat, avec ce même Coutsa, placé sur le même char que toi[5] tu as frappé (tes ennemis) ; avec les autres dieux, tu as frappé Souchna.

10. (Le char de Soûrya) avait deux roues ; tu en as pris une, et tu l’as donnée en présent à Coutsa, qui ne pouvait plus marcher. Ton arme a frappé au visage les Dasyous, et dans le combat étouffé la voix (de ces ennemis).

11. (Ô dieu) exalté par les hymnes de Gôrivîti, tu as, pour plaire au fils de Vidathin[6], donné la mort à Piprou. Ridjiswan[7] fut ton ami : tu as purifié ses offrandes et bu son soma.

12. La coupe de soma à la main, les Navagwas et les Dasagwas[8] célèbrent Indra dans leurs hymnes. Ces sages ont par leurs chants ouvert le riche pâturage où étaient enfermées les vaches (célestes).

13. Ô Maghawan, je connais tes prouesses. Comment puis-je (dignement) t’honorer ? Ô (dieu) puissant, nous sommes disposés à chanter dans les sacrifices les (miracles) nouveaux que tu feras.

14. Ô Indra, voilà tout ce que tu as fait. Tu es

  1. Je suppose que le poëte fait allusion aux trois foyers du sacrifice, ou bien aux trois sacrifices de la journée. Le commentaire semble faire une distinction ; si d’un côté il reconnaît les feux des trois foyers, de l’autre il voit trois divinités qu’il appelle Rocthanâni, savoir : Vâyou, Agni et Aditya.
  2. Il y a bien une classe de prêtres que l’on appelle Marouts ; mais je crois que le poëte ne veut ici considérer les Marouts que comme les vents, compagnons d’Indra, qui l’animent par leur souffle, et semblent le chanter de leur voix de tempêtes.
  3. Voy. page 241, col. 1, note 1.
  4. Voy. Section I, lecture II, hymne XIII.
  5. Voy. page 239, col. 2, note 1.
  6. Vidathin ou Vidatha, est un Richi, père du prince Ridjiswan.
  7. Voy. page 73, col. 1, note 8.
  8. Voy. page 80, col. 1, note 6.