Que le maître de la plaine ait pour nous la douceur du miel. Honorons-le avec innocence de cœur.
4. Que le bonheur soit sur nos animaux, sur nos hommes, sur nos charrues. Que nos rênes flottent avec bonheur ; qu’avec bonheur pique notre aiguillon.
5. Ô (dieux appelés) Souna et Sîra[1], aimez nos prières, et versez sur elles ce lait que vous formez dans le ciel.
6. Approche-toi, ô (Terre) fortunée, (surnommée) Sîtâ[2]. Nous t’honorons, pour que tu nous sois propice et fructueuse.
7. Qu’Indra féconde Sîtâ ; que Poûchan la décore. Que Sîtâ nous prodigue son lait pendant de longues années.
8. Qu’avec bonheur les socs labourent pour nous la terre ; qu’avec bonheur nos pasteurs conduisent les animaux. Qu’avec bonheur Pardjanya répande sur nous son miel ; qu’avec bonheur Souna et Sîra nous arrosent de leur lait.
HYMNE VIII.
À Agni, surnommé Ghrita, par Vamadéva.
(Mètres : Djagati et Trichtoubh.)
1. Un flot aussi doux que le miel sort du vase (des libations)[3], et vient avec Soma remplir la fonction d’Amrita[4]. Le titre mystérieux de Ghrita, c’est d’être la langue des dieux et le réservoir de l’ambroisie.
2. Proclamons la gloire de Ghrita, et dans notre sacrifice retenons-le par nos holocaustes. Que le (dieu) prêtre[5] nous entende, et, pareil à un cerf blanc[6] à quatre cornes[7], produise l’œuvre (sainte).
3. Oui, il a quatre cornes, trois pieds[8], deux cols[9] et sept bras[10]. Le dieu, comme un taureau attaché par trois liens[11], mugit et apparaît aux mortels.
4. Ghrita a trois formes[12], et caché par les Panis[13], les Dévas l’ont retrouvé dans la vache (céleste). Indra a produit l’une de ces formes, Soûrya l’autre. L’ami (des hommes, Vâyou)[14], a donné la troisième aux (Dévas), qui en ont fait la Swadhâ.
5. Les (Ondes) sortent du vase profond (des libations) ; leur foule est immense, et l’œil de Vritra lui-même ne saurait les distinguer. Je les vois, ces Ondes de Ghrita ; au milieu d’elles brille Vétasa[15] aux rayons d’or.
6. Purifiées par la Prière et l’Adoration, ces Ondes coulent ainsi que des torrents. Ces Ondes de Ghrita sont aussi légères que la bête qui fuit devant le chasseur.
7. Les fleuves coulent rapidement vers la mer, non moins prompts que le Vent : ainsi vont les Ondes de Ghrita. Et lui, grossissant de leurs flots, fend les airs[16] ainsi qu’un superbe coursier.
8. Telles que de charmantes épouses, comme si elles n’avaient qu’un cœur, les Ondes de Ghrita s’approchent en riant d’Agni et l’enflamment. Et le (dieu) possesseur de tous les biens les accueille avec amour.
9. Je les vois, ainsi que des vierges qui vont vers leur époux, se parer de tous les ornements.
- ↑ Souna, nom d’Indra ; Sira, nom de Vâyou ou d’Aditya.
- ↑ Sîtâ, signifie sillon.
- ↑ Ce vase porte le nom de samoudra.
- ↑ Le poëte personnifie le Ghrita, qui devient un Déva, un Amrita, un Immortel, une forme d’Agni. Or, l’Amrita est ou le prêtre chargé des libations telles que le soma ou le ghrita, ou bien la libation elle-même personnifiée.
- ↑ Brahman. Cet hymne nous explique l’histoire de ce Brahmâ aux quatre têtes, dont la mythologie a fait un personnage différent d’Agni.
- ↑ Gôra. Agni est sans doute comparé à cet animal, à cause de la couleur blanche de la flamme qui s’allume.
- ↑ Je pense que ces quatre cornes ou ces quatre têtes sont une allusion aux quatre côtés du foyer. Vous voyez, en effet, plus haut, page 259, col. 1, note 2, que le foyer oriental est carré. Le commentateur croit qu’il est fait allusion par ces mots aux quatre Védas, oubliant que, lors de la composition de cet hymne, les hymnes se faisaient, et ne pouvaient pas encore former un quadruple corps. Tchatouranana, Tchatourmoukha, Tchatourvaktra et Tchatouhsringa me paraissent synonymes de Tchatourasra. Les quatre cornes sont les quatre coins du foyer.
- ↑ Le poëte désigne les trois foyers ; peut-être les trois Savanas.
- ↑ Les deux cols sont les deux espèces d’offrandes : l’offrande liquide, soma, et l’offrande solide, ichti.
- ↑ Les sept bras sont les sept Tchhandas ou les sept Hotracas.
- ↑ Le sacrifice se compose de prières (Mantra), d’actes (Yaga), d’hymnes (Stouti) ; il semble que ce soient là les trois liens par lesquels on amène le dieu.
- ↑ La libation appelée ghrita se compose de kchira, lait, de dadhi, caillé, et d’âdjya, beurre.
- ↑ Ce sont les Asouras qui avaient enlevé les vaches célestes. Voy. page 44, col. 1, note 7.
- ↑ Vâyou est désigné par l’épithète de véna (ami), comme plus haut les vents par celle d’ichtâh. Voyez page 262, col. 1, note 4.
- ↑ Vétasa est un surnom d’Agni. Ce mot signifie une espèce de roseau. Il semble qu’Agni, au milieu des libations, soit comme un roseau au milieu des eaux.
- ↑ Cette idée s’explique en pensant que la libation coule rapidement du vase qui la contient pour tomber dans le foyer.