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[Lect. VIII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION TROISIÈME.

grand dieu, avec les rayons du jour[1], nous accorde la protection dont il daigne honorer son serviteur.

2. Savitri est le soutien du Ciel, et le père du monde ; dans sa sagesse, il revêt sa cuirasse d’or ; il étend, il répand (ses rayons), et sa haute prudence enfante et propage le bonheur, que célèbrent nos chants.

3. Le divin Savitri remplit les mondes divins et les mondes terrestres ; il glorifie lui-même son œuvre. Il étend ses bras[2] pour embrasser la nature ; il la pénètre, il la féconde de ses rayons.

4. Le divin Savitri, invincible et resplendissant, surveille les œuvres de ses créatures. Il tend ses bras vers les êtres qui couvrent le monde, et, ferme dans ses desseins, il est roi de ce vaste univers. »

5. Savitri a partagé l’air en trois mondes brillants[3], qu’il entoure de sa grandeur ; il a étendu trois cieux, trois terres, et triple est l’œuvre par laquelle il nous prouve sa puissance.

6. Savitri est l’auteur et le maître de tous les êtres, animés et inanimés. Que ce dieu nous accorde sa triple protection, qui nous délivre du mal !

7. Qu’il vienne, le divin Savitri, avec les Ritous ; qu’il augmente notre maison ; qu’il nous donne avec l’abondance une heureuse lignée. Qu’il nous défende nuit et jour. Qu’il nous accorde une opulence fondée sur une nombreuse famille.


HYMNE IV.

À Savitri, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. En ce moment du jour apparaît le divin Savitri, digne de nos hommages, digne de nos prières. (Invoquons) celui qui est le bienfaiteur des hommes, pour qu’il daigne nous ouvrir ses trésors.

2. En premier lieu, tu accordes aux Dévas, qu’honorent avec raison nos sacrifices, la plus belle des parts, l’immortalité. Mais, ô Savitri, tu sais aussi, pour plaire à ton serviteur, répandre sur la race humaine les biens qui lui sont nécessaires.

3. Si par notre ignorance, par la pauvreté de nos offrandes, par un orgueil naturel à l’homme, nous avons commis quelque faute contre la race divine, ô Savitri, devant les Dévas et les hommes, montre ici que nous sommes sans péché.

4. Que l’œuvre du divin Savitri, par laquelle il soutient tout le monde, n’éprouve aucune atteinte. Nous ne pouvons que louer la bonté de tout ce que fait (ce dieu) aux longs bras et sur cette large terre et dans le ciel immense.

5. Ô Savitri, tu produis toutes ces demeures (qui s’étendent) au-dessus de ces vastes nuages, ces mondes dont le plus élevé est celui d’Indra. Comme ils ont marché, ils s’arrêtent aussi à la volonté de leur créateur.

6. Trois fois par jour, ô Savitri, des libations ont lieu en ton honneur, et sont (pour les mortels) une source constante de bonheur. Qu’Indra, le Ciel et la Terre, la Mer avec les Ondes, Aditi avec les Adityas, nous accordent leur protection.


HYMNE V.

Aux Viswadévas, par Vamadéva.

(Mètres : Trichtoubh et Gâyatrî.)

1. Ô Vasous, qui de vous est notre sauveur, notre défenseur ? Ciel et Terre, Aditi, Varouna, Mitra, protégez-nous contre un mortel trop puissant. Ô Dieux, qui d’entre vous nous donnera dans le sacrifice les biens que nous demandons ?

2. Ô Que ces (dieux) qui illuminent les demeures

  1. Le mot aktou signifie nuit ; mais il signifie aussi jour, éclat. Ce qui nous prouve que ces divers sens ne sont que restrictifs, et que le mot aktou doit avoir une signification en elle-même assez compréhensive. En effet, aktou peut se traduire par le mot unguentum : c’est proprement la substance onctueuse qui s’étend et qui recouvre un objet. Par métaphore, la nuit oint le monde de ses noires vapeurs ; le jour oint le ciel de ses rayons, et le mot aktou peut se prêter facilement à ces deux sens opposés de nuit et de jour. Je trouve un passage où le commentateur explique ainsi aktou : Andjanasâdhanam ghritam. Ce même mot prend aussi le sens de torrent ; et j’expliquerai ce sens en comprenant que le torrent recouvre la terre. Mais il est un endroit où aktou signifie trait, âyoudham. Je ne puis me rendre compte de ce sens qu’en remontant à la racine andj, qui a aussi la signification d’aller, se mouvoir.
  2. Nous savons que les bras du soleil, ce sont ses rayons.
  3. On compte ordinairement trois mondes : le ciel, l’air et la terre. Le poëte semble ici subdiviser ces trois mondes, chacun en trois autres. L’air se partage en mondes de Vâyou, de Vidyout, de Varouna, ou de Vâyou, d’Agni, d’Aditya. Ces mondes portent le nom général de radjas, de rotchanam. Les trois cieux sont ceux d’Agnîdhra, de Pradjâpati, et le Satya. Le commentateur ne nomme pas les trois mondes terrestres : il a l’air de penser que le mot terres s’emploie pour désigner le ciel, l’air et la terre. L’œuvre triple consiste dans la formation de la chaleur, de la plaie et du froid.