HYMNE XVII.
À Indra et Vrihaspati, par Vamadéva.
(Mètre : Gâyatrî.)
1. Ô Indra et Vrihaspati, dans votre bouche je place mon holocauste. En votre honneur (je chante) cet hymne et (verse) ce soma.
2. Ô Indra et Vrihaspati, pour vous je répands cette libation. Buvez, et que sa douceur vous enivre.
3. Ô Indra et Vrihaspati, vous aimez le soma ; venez ensemble dans ma maison boire celui que je vous offre.
4. Ô Indra et Vrihaspati, donnez-nous une opulence qui nous procure des centaines de vaches, des coursiers, des milliers de biens.
5. Ô Indra et Vrihaspati, nous avons versé le soma ; nous vous invitons par nos hymnes à venir le boire.
6. Ô Indra et Vrihaspati, buvez le soma dans la maison de votre serviteur. Venez en ces lieux, et livrez-vous à la joie.
HYMNE XVIII.
À Indra et Vrihaspati, par Vamadéva.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)
1. Vrihaspati a par sa force fixe les régions terrestres[1] ; il siége avec bruit sur trois foyers ; sa langue caresse (nos libations) ; et ce sont les sages, brillant (des feux du sacrifice), les anciens Richis, qui l’ont élevé sur ce trône.
2. Ô Vrihaspati, (les prêtres) qui nous dirigent et qui, par le sacrifice, réjouissent ton cœur, ont la force de dissiper (nos ennemis). Ô Vrihaspati, garde le foyer de ce (père de famille), (foyer) large, inviolable, d’où par un chemin sinueux s’élance Agni[2], et où abondent les offrandes.
3. Ô Vrihaspati, que ces (dieux) qui aiment le sacrifice viennent s’asseoir (ici) de la (région) élevée et lointaine (où ils demeurent). En ton honneur coulent ces flots abondants d’un jus savoureux et extrait du mortier, en même temps que l’hymne résonne.
4. Vrihaspati naît d’abord dans le noble berceau du grand être lumineux. Doué de sept bouches[3], il a des existences variées ; et, brillant de sept rayons, il triomphe avec bruit des ténèbres.
5. Vrihaspati, resplendissant et excité par le chant des hymnes, frappe avec un frémissement sonore Bala, qui retient le nuage fécond. Il crie, et délivre ces vaches qui le désirent et fournissent à nos holocaustes.
6. Ainsi, par nos sacrifices, nos invocations, nos offrandes, honorons l’être bienfaisant qui est notre père et qui renferme en lui tous les dieux. Ô Vrihaspati, puissions-nous avoir une belle lignée, une forte famille ! Puissions-nous être maîtres de la richesse !
7. Il est sûr, par sa force et sa puissance, de l’emporter sur tous ses ennemis, le roi qui soutient (par ses offrandes) le (dieu) capable de tout soutenir, qui l’honore et le célèbre avant tous.
8. Il demeure bien établi dans sa maison, il voit Ilâ[4] lui prodiguer toute espèce de biens, et son peuple obéir à ses commandements, le roi qui préfère à tous le (dieu) sacrificateur[5].
9. Il est invincible, il réunit en sa personne les biens de ses ennemis et ceux de sa nation, le roi qui consacre sa richesse pour le (dieu) sacrificateur et disposé à nous secourir. Tous les Dévas le conservent.
10. Ô Indra et Vrihaspati, buvez notre soma ; source de tout bien, réjouissez-vous dans notre sacrifice. Que nos heureuses libations vous pénètrent. Accordez-nous une opulence que soutienne toute espèce de force.
11. Ô Indra et Vrihaspati, faites notre bonheur.
- ↑ Cette idée est obscure. Je crois que le poëte fait allusion au soin que doit avoir le sacrificateur d’orienter ses foyers : Tastambha djmâ antân.
- ↑ J’ai rendu de cette manière le mot sripra, qui littéralement signifie serpent. Il m’est venu l’idée que cette épithète pourrait bien représenter la forme même du foyer, dont Stevenson donne la description dans la préface de sa traduction du Sâma-Véda.
- ↑ Vrihaspati est Agni sacrificateur ; ses sept bouches sont les sept Tchhandas ou mètres poétiques.
- ↑ C’est le nom ou de la Terre ou de la déesse du sacrifice.
- ↑ La phrase pourrait se traduire de manière à faire croire à un antagonisme déjà existant entre le prêtre et le roi. J’ai cru devoir restreindre le sens, et le réduire à une comparaison naturelle entre un dieu et un prince. La théocratie de cette époque me paraît douteuse. Cependant le rapprochement, dans cette strophe et la suivante, entre Brahman et Râdjan, est formel, et les brahmanes des âges suivants, en forçant le sens, ont pu s’en prévaloir.