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[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

bonheur de l’homme. Il dispose des biens qui sont l’objet de nos désirs, et, à la voix d’un chantre tel que moi, il s’empresse d’apporter tous les trésors de l’abondance.

17. (Noble) héros, Arya (généreux), si, au milieu de l’étonnement général, la foudre en éclats vient à tomber, s’il s’élève un combat terrible, pense à nous et protége notre corps.

18. Garde le souvenir des prières de Vâmadéva ; sois un ami, un sauveur dans le combat. Nous accourons vers toi, qui es le plus sage des (dieux). Sois toujours pour celui qui te chante le sujet des plus magnifiques éloges.

19. Ô généreux Indra, puissions-nous tous avec ces hommes qui te sont dévoués, et par toi comblés de biens, vaincre nos ennemis sur le champ de bataille, et, brillants d’une splendeur toute céleste, passer dans la joie d’heureuses nuits et de nombreux automnes !

20. Enfants de Bhrigou, honorons le grand et généreux Indra ; construisons pour lui le char (du sacrifice). Qu’il garde contre tout danger nos amitiés, et que, terrible (pour nos ennemis), il protége et conserve nos corps.

21. Ô Indra, par toi que (nos pères) ont chanté et que nous chantons aussi, que (la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières (sont remplies d’eau). (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur ; nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE XIII.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètres : Trichtoubh, Virât et Écapada.)

1. Ô Indra, tu es grand. Le Ciel et la Terre sont grands aussi, et ils reconnaissent ta supériorité. Dans ta puissance tu as donné la mort à Vritra ; tu as délivré les Ondes englouties par Ahi.

2. À ta brillante naissance le Ciel a frémi, la Terre a tremblé par la crainte de ta colère. Les grandes montagnes (du ciel) sont frappées ; leur sein qui se fermait est ouvert, et les eaux coulent par torrents.

3. Le (dieu) puissant manifeste sa force ; il lance sa foudre avec violence, et perce la montagne (céleste). Enivré (de notre soma), de son tonnerre il frappe Vritra ; et les Ondes s’échappent avec rapidité, dépouillées de l’enveloppe qui les retenait.

4. Il peut se vanter d’avoir un noble fils, le sage resplendissant[1] qui est ton père. Celui qui a fait Indra est le plus habile des ouvriers. (Quelle gloire) d’avoir donné la naissance au (dieu) qui est l’objet de tant de louanges, qui porte la foudre et qui ne saurait honteusement tomber de sa haute demeure !

5. Indra est le roi (suprême) qu’invoquent toutes les nations ; seul, il peut tout ébranler. Des transports de joie unanimes accueillent cette juste offrande que te présentent l’opulent (père de famille) et le déva qui te chante.

6. Nous lui devons, à ce grand (dieu), toutes ces libations ; nous lui devons ces offrandes qui portent le bonheur dans les sens. À ton tour, ô Indra, sois vraiment pour nous le maître de la richesse. Tu es le soutien de tous les êtres.

7. À peine es-tu né, ô Indra, que tu adoucis les souffrances des hommes. Ahi dormait en retenant les eaux : ô Maghavan, tu l’as déchiré avec ta foudre.

8. (Nous célébrons) le grand Indra, vainqueur et conquérant, impétueux et magnifique. Il ne connaît point de bornes ; il manie le tonnerre ; il a tué Vritra, et, doué de richesses, il s’appelle Maghavan, nous distribuant et la fortune et l’abondance.

9. Mais Maghavan, seul contre les ennemis qui l’entourent dans le combat, sait toujours obtenir la victoire. Il apporte avec lui l’abondance, et en fait ses largesses. Puissions-nous compter au nombre de ses amis !

10. La renommée le présente ainsi comme triomphateur. Il donne la mort à ses ennemis, et, pour prix du combat, il s’empare de leurs vaches. Quand Indra se livre à sa juste colère, tous les êtres tremblent, soit animés, soit inanimés.

11. Indra, par sa victoire, nous donne des chevaux, des vaches, de l’or ; Maghavan, par ses bienfaits, comble tous nos vœux. Le plus vaillant des héros au milieu de ces prêtres puissants, il distribue la richesse et apporte l’opulence.

12. Quelle distance existe entre la force du père et de la mère[2] (du monde) et celle d’Indra, qui a tout engendré, et qui, par le moyen des nuages

  1. Quand le poëte à chaque instant nous représente le Ciel comme engendré par Indra, je ne pouvais pas ici dire que le Ciel (dyôh) est le père d’Indra. J’ai donc regardé dyôh comme ayant la signification de prêtre, de ministre éclatant du culte ; signification que je lui ai déjà donnée. Voy. page 230, col. 1, note 2.
  2. C’est-à-dire du Ciel et de la Terre.