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[Lect. III.]
INDE. - POÉSIE LYRIQUE.
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poser au milieu des Dévas l’ambroisie de l’immortelle offrande.

16. Oui, que la Prière vienne promptement apporter l’abondance à ces (fidèles), et la répandre parmi les cinq classes d’êtres[1]. Qu’elle soit à nos côtés (pour nous protéger et) nous procurer une vie nouvelle, celle que m’ont donnée les vieux enfants de Djamadagni.

17. Que les deux chevaux (de notre char)[2] soient forts ; que notre essieu soit solide. Que le timon ne soit point brisé, ni le joug rompu. Qu’Indra nous préserve des chutes par deux chambrières. Ô (dieu), dont le char a des roues admirables, viens à notre secours.

18. Indra, donne la force à nos corps ; la force à ce qui traîne notre char ; la force et la vie à notre fils et à notre petit-fils. Car tu es le possesseur de la force.

19. Mets plus de dureté dans la moelle du Khadira[3] ; que le bois de la Sinsoupâ[4] résiste à la fatigue de la course. Essieu vigoureux, sois de plus en plus solide, et ne nous laisse par tomber de notre char.

20. Que les bois, aimés de Vanaspati[5], n’aillent point nous trahir ni nous blesser. Bénédiction sur nos maisons ! Le char est lancé. Bénédiction et salut !

21. Ô Indra, ô vaillant Maghavan, viens à notre secours, et sois aujourd’hui pour nous un auxiliaire puissant. Que l’homme qui nous hait tombe par terre ; que celui que nous haïssons perde la vie[6].

22. La hache peut être brûlée ; le simbala[7] peut être abattu ; la marmite, heurtée du pied, perd son liquide et ne jette plus qu’une (vaine) vapeur. Ô Indra, (qu’il en soit de même de notre ennemi).

23. Sans s’inquiéter de sa flèche, (on a vu) des hommes s’emparer du chasseur, et le mener comme il aurait mené sa proie. On ne fait pas rire le faible aux dépens du plus fort ; on ne met pas l’âne avant le cheval[8].

24. Indra, les fils de Bharata ne veulent point de rapprochement (avec leurs ennemis). Déjà ils lancent leur cheval, aussi rapide que la roue ; déjà pour le combat ils tendent fortement la corde de leur arc.


HYMNE XV.

Aux Viswadévas, par Pradjapati, fils de Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Les prêtres) ne cessent d’offrir leur hommage au (dieu) grand, adorable, digne de louanges. Que l’immortel Agni nous entende, (entouré) soit de nos splendeurs domestiques, soit de ses rayons divins !

2. Honore le grand Ciel et la Terre, ô sage vénérable ; accède au désir qui me sollicite. Dans les sacrifices que font (les enfants) d’Ayou, dans ces éloges que l’on adresse au Ciel et à la Terre, les pieux Dévas tressaillent de joie.

3. Ô Ciel et Terre, agréez notre sacrifice : qu’il soit pour nous avantageux et prospère. Ô Agni, j’adore le Ciel et la Terre, et me présente avec l’offrande pour obtenir leur faveur.

4. Ciel et Terre, source de toute piété, les anciens sages vous ont honorés. C’est vous aussi qu’avec raison les prêtres aujourd’hui vénèrent dans leurs assemblées et au moment du combat.

5. Qui connaît ici-bas, qui peut dire la voie que suivent les Dieux ? Nous voyons bien leurs stations inférieures ; mais leur œuvre se poursuit dans des régions supérieures et mystérieuses.

6. (Agni), sage et surveillant nos œuvres, dans

  1. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  2. Le commentateur suppose que Viswâmitra, en sortant du sacrifice de Soudas, fait l’éloge du char sur lequel il va monter. Je pense que le poëte emploie ici la métaphore habituelle par laquelle le sacrifice est comparé à un char. Il souhaite que toutes les parties de ce char, par la grâce d’Indra, soient en bon état. Si ce n’est pas le char du sacrifice, c’est du moins le char de la vie.
  3. Mimosa Catechu, ou Khayar. Le bois de cet arbre est employé dans les sacrifices.
  4. Dalbergia Sisu. Lisez dans le texte Sinsapâ.
  5. Le texte porte : Que ce Vanaspati, etc. Ce mot Vanaspati signifie maître du bois. Il s’emploie pour désigner un arbre grand et fort ; c’est aussi un nom d’Agni, comme présidant aux bois qui s’emploient dans le sacrifice.
  6. Le commentateur veut que cette strophe soit une imprécation de Viswâmitra contre Vasichtha, qui avait offensé le roi Soudas.
  7. Le commentaire dit que c’est le même que le Sâlmali (Bombex heptaphyllon).
  8. Cette strophe me semble contenir des métaphores, dont l’application est générale. Le commentateur raconte que Vasichtha est pris, enchaîné et amené par les gens de son ennemi. Il traduit donc ainsi : « Il n’a point de souci du trait (de la malédiction). Les gens entraînent le chasseur, le prenant pour un vil animal. » Viswâmitra est pour la suite censé se comparer avec Vasichtha ; il est le cheval, et Vasichtha est l’âne.