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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

colonne de (fumée) les deux parents (du monde) ; ils élèvent une flamme majestueuse.

13. Au moment où s’opère la séparation du Ciel et de la Terre, que la grande prière consolide l’univers qui s’agrandit. Qu’Indra, célébré par nos hymnes respectueux, réunisse en lui toutes les forces les plus indomptables.

14. Ton amitié est grande, ô Maghavan ; je veux que le vainqueur de Vritra soit fort. (Vois) les puissantes cavales qui vont te porter. Nous te présentons, au nom du père de famille[1], et ces hymnes et ces offrandes. Ne nous oublie pas, ô gardien des vaches (célestes).

15. Le prévoyant Indra donne à ses amis la jouissance de toute cette nature, animée et inanimée. Il a, secondé des Marouts, produit avec splendeur le Soleil, l’Aurore, et Agni sous ses diverses formes.

16. Cet (Indra) qui est tout, et (que l’on appelle aussi) Damoûnas[2]. c’est encore lui qui a créé toutes les Ondes (du sacrifice), venant à l’envi étaler leurs suaves beautés, prodiguer leurs douces faveurs, et s’offrant soir et matin à l’action purifiante des (trois) divinités[3].

17. Par la vertu puissante de Soûrya se succèdent le Jour et la Nuit, opulents et dignes de nos hommages. Cependant autour de toi, magnanime Indra, (se rassemblent) pour repousser (tes adversaires) (les Marouts), tes nobles et invincibles amis.

18. Vainqueur de Vritra, sois le maître des prières et des hymnes, la vie qui anime tout, le bienfaiteur qui nourrit le (monde). Viens à nous ; sois (toujours) grand, et fais-nous sentir tes heureuses amitiés et tes généreux secours.

19. Tel qu’Angiras, je vénère et je chante (le dieu) antique. Je lui adresse cet hommage. Ô Maghavan, attaque la multitude impie de tes ennemis, et fais-nous jouir du bonheur.

20. Nous avons préparé de pures libations ; que leurs ondes, heureusement pour nous, coulent par toi à pleins bords ! Ô Indra, monte sur ton char, et défends-nous contre l’ennemi. Rends-nous promptement possesseurs de vaches (fécondes).

21. Que le vainqueur de Vritra, maître des vaches (célestes), nous fasse connaître ces vaches (divines). Sous la splendeur de ses rayons qu’il fasse disparaître les noirs (Asouras). Qu’il préside aux prières de notre sacrifice ; qu’il force et qu’il nous ouvre toutes les portes (du ciel).

22. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE III.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Indra, maître du soma, bois ce brillant breuvage que nous te présentons vers le milieu du jour. Ô Maghavan, tu aimes nos offrandes ; pousse tes coursiers de notre côté ; ouvre la bouche, et enivre-toi de nos liqueurs.

2. Bois, Indra, de ce soma étincelant où se confondent la farine d’orge et le beurre[4]. Nous te l’offrons pour ton plaisir. Avec la troupe des Marouts, qui donne le signal à l’hymne sacré, viens te livrer à la joie ; uni à ces enfants de Roudra, bois à longs traits.

3. Ô Indra, ces Marouts qui t’honorent augmentent ta gloire ; ils font ta force et ta puissance. (Dieu) à la face majestueuse, au bras armé de la foudre, accompagné des Roudras, bois (ce que nous t’offrons) dans notre sacrifice du milieu du jour.

4. Ces Marouts, qui sont la force d’Indra, nous envoient le miel (céleste) qu’il a préparé. Secondé par eux, (le dieu) a su distinguer par quel côté il peut ouvrir le flanc impénétrable de l’orgueilleux Vritra.

5. Tel que Manou, ô Indra, tu fais l’honneur de notre sacrifice. Bois ce soma, pour perpétuer la force. (Dieu) que transportent des chevaux azurés, avec les rapides et adorables (Marouts), amène-nous les Ondes (célestes) ; car les Ondes dépendent de toi.

6. Quand tu donnes la mort à Vritra, alors tu lances les Eaux pareilles à des coursiers animés au combat. Oui, Indra, de ton trait rapide (tu frappes) cet impie (Vritra), qui semble endormi,

  1. Soûri, celui qui fait les frais du sacrifice. Voyez page 121, col. 1, note 8.
  2. Ce nom se donne ordinairement à Agni. Voyez page 122, col. 1, note 1.
  3. Ces trois divinités sont Agni, Vâyou et Soûrya ou le Soleil. Voy. page 205, col. 1, note 6.
  4. L’épithète manthin semble indiquer que le mélange a dû être battu. M. Wilson, au mot mantha, fait mention d’un plat composé de farine d’orge, de beurre et d’eau, a sort of gruel or porridge.