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[Lect. VIII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.

21. Pour multiplier les naissances du dieu qui possède tous les biens, les enfants de Viswâmitra ont perpétué leurs feux. Puissions-nous obtenir la bienveillance et l’heureuse amitié de l’adorable (Agni) !

22. Dieu robuste et magnifique, réjouis-toi de notre sacrifice, et fais-le agréer aux autres dieux. (Divin) sacrificateur, apporte-nous une heureuse abondance. Ô Agni, donne-nous une grande richesse.

23. Ô Agni, en échange de nos invocations, fais que la terre[1] soit à jamais libérale pour nous, et féconde en troupeaux. Que nous ayons une belle lignée d’enfants et de petits-enfants. Ô Agni, que ta bonté soit avec nous !


HYMNE IX.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètre : Djagatî.)

1. En l’honneur d’Agni, dont le sacrifice augmente la grandeur, en l’honneur du (dieu appelé) Vêswânara, nous composons l’hymne qui coule comme un beurre purifié. De même que la hache façonne un char, de même la prière du maître de maison et du prêtre orne doublement le (dieu) sacrificateur.

2. C’est (Agni) qui éclaire le ciel et la terre, (Agni), le fils mémorable des deux mères[2]. L’immortel Agni porte l’holocauste et reçoit les offrandes, (dieu) invincible, hôte du peuple, trésor de lumière.

3. Par l’œuvre d’une force victorieuse et par leur sagesse, les Dévas ont, dans le sacrifice, engendré Agni. Plein d’espoir en sa bonté, je chante ce grand (dieu), resplendissant de lumière et rapide comme le coursier.

4. Nous demandons la faveur inestimable de ce (dieu) bienfaisant, (faveur) honorable qu’il n’accorde qu’à la prière du poëte. Nous adorons Agni, qui a comblé de biens les Bhrigous, qui aime (nos hommages), qui n’agit qu’avec sagesse, et qui brille d’une splendeur divine.

5. Pour obtenir le bonheur, les mortels, placés sur leurs siéges de cousa, honorent Agni et l’entourent de leurs offrandes. Élevant la coupe (du sacrifice, ils chantent) le lumineux agent de tous les dieux, terrible (pour ses ennemis), et capable de faire reccueillir à ses serviteurs le fruit de leurs œuvres.

6. Pur et brillant Agni, (noble) sacrificateur, les mortels voulant t’honorer par de saintes cérémonies, autour de ton foyer, qu’ils ont dignement préparé, sont placés sur des siéges de cousa. Accorde-leur le bonheur.

7. C’est Agni qui a rempli le ciel et la terre. Si la grande lumière est née, c’est que dans le sacrifice on a constitué Agni. Entouré de nos offrandes, le (dieu) sage est amené avec honneur pour l’œuvre sainte, tel que le coursier dont on a préparé la nourriture.

8. Adorez (le dieu) qui brille dans nos cérémonies, et qui se charge de l’holocauste ; honorez (le dieu) domestique qui possède tous les biens. Le sage Agni est le conducteur qui dirige le char du grand sacrifice et le pontife des dieux.

9. Les Ousidjs[3] immortels ont purifié trois foyers pour le grand Agni, qui tourne autour (de la terre). L’un de ces foyers a été placé par eux dans ce (monde) mortel pour nous y protéger. Les deux autres sont dans le monde voisin[4].

10. Les offrandes des hommes ont donné de la splendeur au précepteur, au maître du peuple, comme (le frottement) donne du tranchant à la hache. Il pénètre dans les lieux les plus hauts, dans les demeures les plus basses ; mais son berceau est toujours dans ce monde[5].

11. Le (dieu) libéral et ami de tous les hommes[6], en naissant, brille dans divers foyers où il rugit comme le lion. Sa force immortelle se développe, et il y dispense à ses serviteurs et la richesse et l’opulence.

12. Cependant, célébré par l’hymne pieux, l’ami des hommes prend son antique route, et s’élève dans l’air sous la voûte céleste. Comme autrefois, il verse ses bienfaits sur tous les êtres ; et, toujours animé de la même vigueur, il poursuit sa voie circulaire.

13. Nous invoquons aussi, pour en obtenir un bien nouveau, Agni, habitant de l’air et transporté par Mâtariswan[7], (dieu) juste, sage, adorable,

  1. Je croirais assez que le mot ilâ, au lieu de signifier terre, devrait se rendre par hymne.
  2. Les deux pièces de l’aranî.
  3. Les ousijds sont ordinairement les enfants de Cakchivân ; mais ce mot est synonyme de dévas. Dans cette phrase les ousidjs ou dévas sont évidemment les rites et cérémonies qui, dans le sacrifice, changent Agni terrestre en Agni vêdyouta et en Agni solaire.
  4. C’est-à-dire, dans l’air.
  5. Le germe d’Agni est dans l’aranî.
  6. Vêswânara.
  7. Mâtariswan est le vent, qui habite l’air ainsi qu’Agni vêdyouta : il anime le feu du foyer, et semble ainsi y avoir apporté le dieu. Il doit le reprendre, et le transporter dans le ciel.