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[Lect. VII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.

cra sur le champ de bataille le héros invincible. Le bon serviteur recueillera la dépouille du méchant.

2. Homme, sacrifie, et préviens tes ennemis. Prépare-toi un triomphe sur tes adversaires. Offre l’holocauste pour t’assurer une heureuse fortune. Nous invoquons le secours du maître de la chose sacrée.

3. Il se trouve dans l’abondance de tous les biens avec ses gens, son peuple, sa famille, ses enfants, ses guerriers, celui qui, plein de foi, honore avec l’holocauste le père des dieux, le maître de la chose sacrée.

4. Le maître de la chose sacrée conduit dans une heureuse voie l’homme qui veut lui plaire par ses libations de beurre. Il le délivre du mal ; il le protége contre le méchant et l’assassin. Pour lui il est un (dieu) généreux et admirable.


HYMNE IV.

Aux Adityas, par Courma, fils de Gritsamada.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. La coupe (sacrée à la main), je présente aux royaux Adityas cette prière, accompagnée de libations de beurre. Écoutez-nous, Mitra, Aryaman, Bhaga, Varouna, Dakcha[1], Ansa, (divinité) multiple.

2. Que Mitra, Aryaman, Varouna, attachés à la même œuvre, accueillent aujourd’hui cet hymne, Adityas brillants, purifiés par l’onde sacrée), saints, irréprochables, invincibles.

3. Ces Adityas grands, profonds, indomptables, ardents au combat, couverts d’yeux innombrables, voient, au milieu du monde, et le bien et le mal. Leur brillante royauté sait, de sa hauteur, se rapprocher de nous.

4. Ces divins Adityas, gardiens du monde entier, soutiennent tous les êtres animés et inanimés ; pleins de grandes pensées, conservant l’esprit vital, et débiteurs équitables (envers les mortels).

5. Ô Adityas, faites que je connaisse votre secours : qu’il me seconde merveilleusement dans la crainte que m’inspirent les Rakchasas ! Ô Aryaman, Mitra et Varouna, sous votre direction que j’évite le malheur, comme (on évite) des fossés (dangereux) !

6. Ô Aryaman, Mitra et Varouna, la route que vous ouvrez est bonne, agréable, sans épines. Ô Adityas, menez-nous par cette route, et prêtez-nous un secours tout-puissant !

7. Qu’Aditi, qui a pour fils ces royaux (Adityas), éloigne nos ennemis ; qu’Aryaman (nous conduise) par d’heureux chemins. Puissions-nous compter sur la grande protection de Mitra et de Varouna ! puissions-nous avoir des compagnons courageux, et rester invincibles !

8. Ils contiennent les trois mondes[2], les trois atmosphères[3], les trois œuvres[4] saintes. Avec le sacrifice, ô Adityas, votre gloire est grande ; elle est éclatante, ô Aryaman, Varouna et Mitra !

9. En faveur du mortel juste ils soutiennent les trois feux divins, et brillent de l’éclat de l’or, purifiés par l’onde (sacrée), invincibles, chantés par la piété ; leur œil toujours ouvert ne succombe jamais au sommeil.

10. Ô Varouna, ô toi qui donnes la vie[5], tu es roi des dieux et des mortels. Accorde-nous de voir la lumière pendant cent automnes. Que notre vie soit heureuse et pleine !

11. (En ce moment) je ne distingue rien[6], ni le midi, ni le septentrion, ni l’orient, ni l’occident. Ô (dieux) qui constituez (le monde), est-ce donc l’imprudence ou la sagesse qui préside à vos conseils ? Que je sois rassuré par la lumière.

12. L’homme qui honore les royaux (Adityas), chefs du sacrifice, voit sans cesse augmenter sa fortune. Il va, riche et renommé, porté sur un char, répandant ses largesses, et vanté dans les sacrifices.

13. Brillant et invincible, possesseur de gras pâturages et d’abondantes récoltes, entouré d’une belle famille, il est favorisé de pluies heureuses. Il n’a à craindre ses ennemis ni de loin ni de près, celui que les Adityas daignent diriger.

14. Ô Aditi, ô Mitra et Varouna, pardonnez-nous les fautes que nous avons pu commettre !

  1. Les Adityas sont au nombre de douze. Dakcha n’est pas ordinairement dans ce nombre.
  2. Ces trois mondes (le texte dit : les trois terres) sont la terre, l’air et le ciel.
  3. Le texte emploie le mot dyou, auquel le commentaire donne plusieurs sens. Ces trois dyous sont sans doute les trois régions de l’air qu’on nomme en anglais heaven, sky, ether ; ou bien ce sont les mondes que les Indiens appellent maharloka, swarloka, pitriloca. Voy. page 64, col. 1, note 2. Le mot dyou signifie brillant, et le commentaire propose encore de voir dans les trois dyous, Agni, Vâyou et le Soleil.
  4. Ce sont les trois savanas ; ou ce sont trois rites, nommés rasâdâna, dhârana et virsadjana.
  5. Asoura.
  6. C’est l’heure du sacrifice du matin.