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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.

4. (Divinités) heureuses et secourables, nous sommes à vous, Ciel et Terre qui avez les dieux pour enfants[1]. Vous marchez tous deux avec l’escorte divine des Journées et des Nuits. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

5. Sœurs toujours jeunes et semblables à elles-mêmes, elles se suivent, placées aux côtés de leurs parents, et glissant dans le centre du monde. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

6. J’invoque dans le sacrifice, en implorant le secours des dieux, ces deux (divinités), mères grandes, larges, solides, remplies de beauté, et qui renferment l’immortalité. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

7. J’invoque, par ma prière et dans ce sacrifice, (ces divinités) grandes, larges, étendues, dont les bornes sont immenses, heureuses, bienfaisantes, qui contiennent (le monde). Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

8. Si nous avons commis quelque faute contre les dieux, contre nos amis, nos enfants ou notre père, que cette prière nous fasse obtenir notre pardon. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

9. Louées par nous et favorables aux mortels, que ces deux (divinités) me sauvent ; qu’elles s’entendent pour me secourir et me protéger. En faveur d’un (serviteur) plus dévoué que Soudas, les Dévas vous présentent avec joie les nombreuses offrandes du père de famille.

10. Pieux et recueilli, j’ai commencé par adresser cette prière au Ciel et à la Terre. Vous, notre père et notre mère, vous toujours irréprochables, préservez-nous du mal, et soyez nos protecteurs.

11. Ciel et terre, notre père et notre mère, accordez-nous la grâce que je vous demande. Descendez près des Dévas pour nous secourir. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE III.

Aux Viswadévas, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Que Viswânara[2], que le divin Savitri accourent heureusement à notre sacrifice, attirés par la voix des hymnes[3]. (Venez) renouveler votre jeunesse et vous enivrer de nos libations. (Venez) à notre prière faire le bonheur du monde entier.

2. Qu’ils se rendent vers nous les invincibles Viswadévas, Mitra, Aryaman, Varouna leur compagnon ; que les Viswadévas deviennent pour nous une source de prospérité ; qu’ils nous accordent une force accompagnée du triomphe !

3. M’unissant à vos transports, je m’empresse de chanter Agni, qui est votre hôte chéri. Pour nous rendre favorable le glorieux Varouna, que le père de famille, si fameux par sa générosité, prodigue les offrandes.

4. Tel que la vache aux mamelles pleines, je vous appelle avec anxiété, vous (Viswadévas), (et vous), Nuit et Aurore. Dans un même jour et comme dans une seule mamelle, je rassemble le lait de la louange que je destine à plusieurs.

5. Qu’Ahirboudhnya[4] nous envoie l’abondance. De même que la vache vient à son nourrisson, de même vers lui s’avance la Libation, dont nous honorons le fils des Ondes[5] et que transportent les (vents) généreux, aussi rapides que la pensée.

6. Que Twachtri vienne aussi vers nous, et qu’il partage la joie des maîtres du sacrifice. Que le puissant Indra, l’ennemi de Vritra et l’ami des hommes, se rende à notre sacrifice.

7. Que nos Prières, attelées au char (du sacrifice), s’approchent d’Indra comme la vache de son veau, et caressent leur nourrisson. Que nos Invocations, comme de tendres épouses, plaisent au meilleur des dieux.

8. Que vers nous arrivent les robustes Marouts ; qu’ils accourent d’un commun accord, poussant entre le ciel et la terre leurs coursiers couverts de rosée, dieux rapides, bons et protecteurs pour leurs amis, intraitables pour leurs ennemis.

9. Lorsque, pour célébrer leurs prouesses, à la prière d’un homme pieux, les poëtes composent un hymne, alors ces (dieux) n’ont plus de colère que pour chasser les mauvais jours ; ils n’ont plus de force que pour fertiliser le désert.

10. Honorez aussi pour votre avantage les As-

  1. On traduit aussi : Que les Dévas traitent comme leurs enfants.
  2. Nom d’Agni.
  3. Le poëte emploie le mot Itâ au pluriel.
  4. Nom du nuage, ou d’Indra lui-même, qui a ce nuage pour base de son séjour. Ahi, comme nous l’avons vu, est un nom de ces Asouras qui habitent les nuages. Le mot boudhna signifie racine, partie inférieure.
  5. C’est-à-dire, Agni, né des libations. Des libations du sacrifice se forme le nuage, qu’Indra doit faire fondre sur la terre. Dans ce même sens, on peut appeler aussi le soleil fils des ondes ou des libations, puisqu’il naît du sacrifice.