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[Lect. I.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.

10. Accorde-nous, Indra, une opulence triomphante. Tu es formidable, et la grandeur t’environne pour notre salut ; oui, (elle t’environne) comme un ami pour notre salut. Sauveur puissant, immortel protecteur, attaque tout autre char que le nôtre. (Dieu) qui portes la foudre, frappe ; oui, (dieu) qui portes la foudre, frappe notre ennemi.

11. Indra, pour prix de nos louanges, sauve-nous du mal ; tu peux arrêter nos ennemis ; oui, tu es dieu, et tu peux arrêter nos ennemis. Frappe le criminel Rakchasa, et conserve le sage qui me ressemble. C’est à cette condition que t’a engendré un père (généreux)[1] ; ô toi, notre refuge, il t’a engendré pour tuer les Rakchasas ; oui, (c’est pour cela qu’il t’a engendré), ô toi notre refuge.


HYMNE IX.

À Indra, par Paroutchhépa.

(Mètres : Atyachtî et Trichtoubh.)

1. Indra, viens à nous de l’extrémité de l’horizon, comme (Agni) ici présent (vient) à nos sacrifices, comme ce roi protecteur des hommes pieux ; oui, comme le protecteur des hommes pieux (vient) dans nos demeures. Nous t’invoquons en te présentant nos mets et nos libations, ainsi que des enfants invoquent leur père, pour obtenir de toi notre nourriture ; oui, (dieu) tout-puissant, pour obtenir de toi notre nourriture.

2. Ô Indra, bois ce soma limpide que le pilon a exprimé du trésor (de la graine), comme le taureau altéré, oui, comme le taureau boit (l’eau) du puits. Qu’à cette source d’ivresse (divine) qui t’excite et te soutient, tes chevaux t’amènent, ainsi que les Jours, oui, ainsi que les Jours (amènent) le Soleil.

3. C’est par lui qu’a été ouvert cet antre céleste, qui semble être le nid de l’oiseau (divin), et qui est creusé au sein d’une voûte, oui, d’une voûte sans bornes. Armé de la foudre, Indra, le plus grand des Angiras, a voulu forcer l’étable des vaches (divines). Il va, pour nous rendre l’abondance, oui, pour nous rendre l’abondance, il va ouvrir les portes (de cet antre).

4. Indra prenant dans ses mains l’arme tranchante de la foudre, l’aiguise pour la lancer ; oui, il l’aiguise pour en frapper Ahi. Indra, ton attaque est pleine de force et de puissance ; et, ainsi que le bûcheron (fend) un arbre, avec ta vigueur tu fends les nuages ; oui, tu les fends comme avec une hache.

5. Indra, c’est toi qui donnes l’essor à ces rivières qui courent vers la mer comme des chars, oui, comme des chars de combat. Fortes de ton secours, elles forment un courant inépuisable ; telles que les vaches donnant à Manou un lait abondant, oui, donnant au genre (humain) un lait abondant.

6. Les enfants d’Ayou[2], avides de biens, et pareils au sage ouvrier qui fabrique un char, ont préparé pour toi cet hymne ; oui, ils l’ont préparé pour obtenir de toi le bonheur. Ils te chantent, ô (dieu) sage, comme vainqueur dans les combats, aussi rapide que le coursier, afin que tu leur accordes la force et les biens ; oui, les biens de toute espèce.

7. En faveur de Poûrou, de Divodâsa, tu as brisé les quatre-vingt-dix villes[3]. Pour ton serviteur Atithigwa, ô danseur[4] (céleste), avec ta foudre, oui, pour ton serviteur Atithigwa, tu les as vaillamment (brisées). Tu as enlevé Sambara de sa haute montagne ; ta puissance nous comble de biens, oui, nous comble de biens de toute espèce.

8. Indra protége dans les combats l’Arya qui fait des sacrifices ; il a pour lui mille secours dans toutes les batailles ; oui, dans ces batailles qui sont une source de gloire. En faveur de Manou, il a soumis les impies à l’obéissance ; il a donné la mort (à l’ennemi) qui a la peau noire[5]. Malgré son habileté, tout être cupide est consumé par lui ; oui, tout être nuisible est consumé par lui.

9. Sous la forme du disque solaire, il a paru aux yeux (de ses ennemis). prodige de puissance ! seigneur resplendissant, il pousse en même temps, oui, il pousse le cri (de mort)[6]. Cepen-

  1. Le texte porte djanitâ, que le commentaire explique par âdicartri, paraméwara. Tous ces dieux, en effet, sont créés ; il y a quelque chose au-dessus d’eux et ce quelque chose, inconnu, n’a point de culte.
  2. C’est-à-dire, les hommes.
  3. Il s’agit de ces villes célestes, qui sont les nuages. Il a déjà été fait mention des personnes ici citées. On dit que Poûrou et Divodâsa sont le même personnage.
  4. Je m’explique cette épithète de danseur, de sauteur, par l’apparence que présente la foudre aux yeux de l’observateur.
  5. On raconte que sur l’Ansoumatî, Indra, envoyé par Vrihaspati et accompagné par les Marouts, tua Crichna (le noir Asoura) avec ses dix mille compagnons, qui donnaient la mort à tous les êtres vivants.
  6. La légende dit que certains Asouras s’opposèrent à la marche d’Indra, forts du privilége qu’ils avaient de ne pouvoir être tués par lui. Il prit la forme du soleil, prononçant en même temps le mot djahi, c’est-à-dire, tue. Je cherche vainement la clef de ce conte allégorique.