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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

ondes voyageuses, il couvre au loin la voûte céleste d’une armée de nuages qu’il soutient et qu’il a rassemblée.

9. Tu ressembles à un roi grand et victorieux, dont les splendeurs s’étendent par tout le ciel qu’il aurait pour palais. Ô Agni, ô toi qui t’environnes de feux d’une nature glorieuse et invincible, défends-nous, sois notre protecteur !

10. (Agni) fait du nuage un torrent qui arrose les airs ; il couvre la terre de flots limpides ; dans son sein il conserve tous les germes de l’abondance ; il pénètre dans les plantes nouvelles.

11. Ô Agni, (dieu) purifiant, que notre foyer recueille et nourrit, brille, et pourvois magnifiquement à nos besoins ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Yarouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE II.

À Agni, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, à peine enfanté par la Force, a déjà toute la figure et la sagesse de l’âge mûr. Que les ondes (du sacrifice) et la prière achèvent de perfectionner (ce dieu), leur ami ! Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

2. Il fut l’objet des antiques chants d’Ayou[1] ; il a propagé la race de Manou par sa force, qui soutient le ciel et les eaux. Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

3. Ô peuples, venez donc, et louez avant tous ce fils de la Force qui accomplit le sacrifice, et qui, honoré par nos invocations et nos hymnes, est notre soutien et notre généreux protecteur. Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

4. Que ce pasteur des peuples, qui est le maître du bonheur, le père du Ciel et de la Terre, et qui, tel que les dieux du vent, nous amène tous les biens, aplanisse les voies devant mon fils ! Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

5. La Nuit et l’Aurore, qui mutuellement se détruisent leur couleur, s’approchent pour nourrir celui qu’elles ont tour à tour enfanté[2]. Entre le ciel et la terre, il brille d’un vif éclat. Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

6. Qu’il vienne et soit avec nous, (ce dieu) source d’opulence et de biens, héraut du sacrifice, protecteur prêt à combler nos vœux ! Gardiens de son immortalité, que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

7. Il fut autrefois, il est aujourd’hui le trésor de toute richesse, le siége de ce qui est né et de ce qui naît, le gardien de tout ce qui existe. Que les Dévas conservent Agni le bienfaiteur !

8. Bienfaiteur, qu’il nous accorde des biens (toujours si) fugitifs ; bienfaiteur, qu’il nous prodigue la richesse ; bienfaiteur, qu’il nous donne une maison forte et abondante ; bienfaiteur, qu’il nous octroie une longue vieillesse !

9. Ô Agni, (dieu) purifiant, que notre foyer recueille et nourrit, brille, et pourvois magnifiquement à nos besoins. Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE III.

À Agni, par Coutsa.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Que notre faute soit effacée, ô Agni ! purifie notre fortune. Que notre faute soit effacée !

2. Nous demandons, en t’offrant le sacrifice, de beaux champs, de la prospérité, des richesses. Que notre faute soit effacée !

3. Si le premier des chantres (divins) ici présents, si nos chefs de famille s’avancent (pour t’honorer), que notre faute soit effacée !

4. Ô Agni ! si ces chefs de famille, si nous-mêmes nous nous avançons avec respect, puissions-nous obtenir la victoire ! Que notre faute soit effacée !

5. Si les rayons lumineux du puissant Agni s’avancent de toute part, que notre faute soit effacée !

6. En effet, te voilà, toi dont la face est tournée de tous les côtés, te voilà embrassant de toute part (nos offrandes). Que notre faute soit effacée !

7. Ô toi, dont la face est tournée de tous les côtés, sois pour nous comme le navire sur lequel nous passions à travers nos ennemis. Que notre faute soit effacée !

  1. Ayou, petit-fils de Manou et fils de Pouroûravas. Ce passage indique bien, je pense, qu’à l’époque où Coutsa composait cet hymne, on n’avait pas encore inventé la fable qui fait descendre les Indiens du Soleil et de la lune. Agni est bien une forme du soleil : il y a même ici le mot vivaswân, qui est devenu une épithète du Soleil, père de Manou Vêvaswata. Mais il me semble qu’Agni, honoré d’un culte particulier, propage, comme protecteur, la race de Manou, mais ne l’engendre pas, comme père. Le mot âyou quelquefois s’emploie pour le mot homme.
  2. Cette idée s’explique par la première strophe de l’hymne précédent, à l’exception que plus haut la Nuit et l’Aurore avaient chacune un nourrisson, et qu’ici elles ont toutes deux le même.