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COUVENT ARMÉNIEN

Moïse de Khôrèn, qui en a conservé quelques vers dans son histoire. Un jour de grande fête, on peut juger de la grandeur de la pompe arménienne. L’Archevêque, les diacres et les lévites, tous se revêtent de leurs plus beaux ornements, faits d’étoffes précieuses aux nuances les plus tendres et garnies de broderies en perles et en soie, représentant des fleurs et des fruits, ouvrage des dames arméniennes de Constantinople. Les parfums les plus suaves brûlent dans des encensoirs tenus par de jeunes lévites, qui balancent en cadence les cassolettes suspendues à des chaînes d’argent. Le chant religieux des Arméniens est monotone, comme tous les chants de l’Orient et paraît singulier d’abord à des oreilles européennes.

Les Mékhitaristes ont conservé, autant qu’il leur était possible, leur rite national, et ils le célèbrent dans leur idiome. Pendant l’office, les blanches vapeurs de l’encens séparent le chœur et le grand prêtre du reste de l’église et font apparaître comme porté sur un nuage le célébrant, vêtu de sa dalmatique arménienne et couronné de la tiare des pontifes. Au moment, où s’accomplit le sacrifice, un rideau ferme le sanctuaire pour dérober aux yeux des assistants l’acte mystérieux de la consommation.