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BIBLIOGRAPHIES NATIONALES.

Cela tient à ce que nulle part, ou presque nulle part, le soin d’enregistrer les productions des presses qui existent dans chaque pays n’a été confié par la loi à des administrations régulières. Il est abandonné, presque partout, à l’initiative privée, à des libraires ou à des associations de libraires. La plupart des « Bibliographies nationales », tant rétrospectives que périodiques, sont exécutées et publiées pour les besoins du commerce des livres. Ce sont des mercuriales ou des répertoires à l’usage des commerçants. Elles n’ont pas, par conséquent, de caractère scientifique. Ainsi s’expliquent dans le fonctionnement d’un service public si important les plus fâcheuses incohérences : des lacunes, des doubles emplois.

Bien des mesures de nature à faire cesser cet état de choses déplorable ont été suggérées récemment par des bibliographes, par des associations et par des congrès bibliographiques[1]. — Il paraît certain que l’enregistrement des livres nouveaux devrait se faire, dans chaque pays, par les soins d’une administration officielle. « Le remède, dit M. Frank Campbell, est l’entreprise de la Bibliographie nationale par l’État[2]. » On a même été jusqu’à penser que tous les États pourraient s’entendre pour procéder, chacun chez soi, à l’enregistrement des livres nouveaux suivant les mêmes méthodes, et qu’un Office international pourrait être créé — analogue au « Bureau international des poids et mesures » dont le siège est à Paris, à au « Association géodésique internationale » dont le siège est à Berlin, au « Bureau international pour la publication des tarifs douaniers » dont le siège est à Bruxelles, au « Bureau international de l’Union postale universelle » dont le siège est à Berne, — qui serait chargé par l’ « Union bibliographique universelle » de centraliser les résultats des services bibliographiques installés dans chaque pays[3]. — Mais

  1. Voy., par exemple, le Compte rendu de la première session de la Conférence du Livre, tenue à Anvers au mois d’août 1890. Anvers, 1891, in-4, p. 110, 188, 265 ; et surtout le recueil d’articles de M. Frank Campbell intitulé The theory of national and international Bibliography (London, 1896, in-8).
  2. Frank Campbell, o. c, p. 507 : « This, then, is the remedy : the undertaking of national Bibliography by the State ». — Cette question est liée, dans tous les pays, à celle de la réforme du Dépôt légal.
  3. Les fondateurs de l’Instifut international de Bibliographie de Bruxelles ont eu, à l’origine (1895), l’idée de faire appel à la coopération internationale et