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BIBLIOGRAPHIES UNIVERSELLES.

7. — À un antre point de vue, on peut dire, sans paradoxe, que le Catalogue universel, s’il était réalisé, serait peu satisfaisant, non pas parce qu’il serait trop vaste, mais parce qu’il serait trop restreint. — N’est-il pas vrai que les titres sont souvent peu explicites et qu’ils donnent presque toujours une idée incomplète, quelquefois une idée inexacte, du contenu des ouvrages ? Au tome VII}} du Glossaire de Du Cange est inséré un Index rerum quæ in Glossario delitescere non autumaret lector. Dans une foule d’ouvrages, il y a, comme dans le « Glossaire de la basse et de la moyenne latinité », des excursus que le lecteur, sur la foi du titre, ne s’attendrait pas à y trouver. Quantité de livres ont été publiés sous des titres vagues, généraux ou de fantaisie, qui se composent de dissertations indépendantes sur des sujets précis et particuliers. Par exemple, le livre du P. Mandonnet intitulé : Siger de Brabant et l’averroisme latin au xiiie siècle renferme les renseignements les plus complets qui aient été réunis jusqu’ici sur Boëtius de Danemark, compagnon de Siger, et même (p. cxliii), une dissertation spéciale sur cet énigmatique personnage du xiie siècle que Jean de Salisbury a désigné sous le nom de Cornificius ; la meilleure notice sur Bertrand de la Tour, le Doctor famosus, se trouve dans un article publié par B. Hauréau dans le Journal des Savants (1888, p. 609) sous la rubrique « Analecta Spicilegii Solesmensis » ; Adam Bede, par George Eliot, est un document pour l’histoire du méthodisme ; comment deviner, d’après le titre, que le livre de John Ruskin intitulé : Sesame and lilies n’est pas un ouvrage de botanique ? Il est trop clair qu’une simple liste de titres ne peut pas être — ce que l’on prétend que le Catalogue universel serait — un inventaire adéquat de la production littéraire et scientifique de l’humanité. Ce Catalogue, dressé d’après les titres, ne fournira, aux rubriques « Boëtius, Cornificius, Bertrand de la Tour, Méthodisme », aucun renvoi aux études du P. Mandonnet, de B. Hauréau et de George Eliot, ni, en général, aux milliers, ou plutôt aux milliards de passages où des sujets sont traités, soit ex professo, soit incidemment, dans des livres dont les titres ne mentionnent pas ces sujets. — Le seul instrument qui ferait savoir réellement « tout ce qui a été écrit sur un sujet quelconque », ce n’est pas, quoique des personnes irréfléchies l’aient cru et le disent, un Catalogue universel de titres ;