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témoignages

Ke, maugré aus, fu en ton cief posee
La grans corone, ki d’or est esmeree.
Tant me douterent n’osa estre vee[e] ;
Mavaise amor m’en avés or mostree[1]. »

M. G. Paris fait remarquer que dans ce passage le siège de la cour n’est plus Aix, mais Paris, ce qui indique une rédaction moins ancienne.

À cette preuve de rajeunissement s’en joint une autre. Ici la cour se réunit quand Charlemagne est mort, ce qui est moins conforme à l’histoire que notre version et par conséquent moins ancien. On pourrait objecter que ces vers font allusion, non à l’assemblée d’Aix-la-Chapelle, mais à la cour réunie à Paris, en présence de laquelle le fils de Richard, selon la version des remaniements en prose et du Charroi de Nimes, osa contester à Louis ses droits au trône ; mais ce serait une autre preuve de rajeunissement.

Plus loin, la chanson d’Aliscans fait allusion à la dernière partie du Coronement Looïs. Elle rappelle les luttes de Guillaume contre les vassaux révoltés, le mariage de Blanchefleur avec Louis, et passe au Charroi de Nimes :

« Loeis sire, » dist Guillames li ber,
« Quant on te vaut dou tot desireter,
Et fors de France et chacier et jeter,
Je te reting et te fis corouner.
Tant me douterent ne l’oserent veer.
Et a mon pere te fis ma suer douner.

  1. Éd. Guessard et Montaiglon, p. 84.