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introduction

qui ont dû exciter chez les Français une grande haine contre les Normands, et qui, à mon avis, ont eu une profonde influence sur notre légende.

Lorsque Guillaume Longue-Épée fut assassiné (943), il avait depuis quelque temps fait la paix avec le roi de France, néanmoins celui-ci, feignant de prendre sous sa protection le jeune Richard, fils de Guillaume, fit venir cet enfant à Laon, sous prétexte de l’élever dans les mœurs de la cour, et l’y retint prisonnier. Les Normands, profondément attachés à leur prince, prirent aussitôt la résolution de se venger. Lorsque Richard se fut sauvé de Laon, grâce au dévouement du fidèle Osmond, qui l’y avait accompagné, les Normands attirèrent à Rouen, sous un prétexte pacifique, le roi Louis, et, dès qu’il y fut arrivé, ils le firent prisonnier, après avoir massacré une grande partie de sa suite. Quelque temps après ils le rendirent à Hugues le Grand.

Cette trahison dut inspirer aux partisans de la famille carolingienne la haine que nous retrouvons dans notre poème contre les Normands. Il semble même que la légende ait gardé un double souvenir de ces faits dans la captivité de Richard et dans le guet-apens du duc de Normandie, qui se précipite sur Guillaume, lorsque celui-ci, confiant dans la paix qu’il a faite avec lui, vient sans escorte à Rouen.

L’opinion de M. G. Paris, qui voyait plus volontiers dans cette partie du Coronement Looïs le souvenir des luttes que soutint Guillaume de Montreuil-sur-Mer, au nom des derniers carolingiens, contre Richard de Normandie, repose sur une méprise. Guillaume de