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l’élément historique

sonnes les exploits souvent réunis dans les chansons de geste sur une seule tête, il faut tenir compte des surnoms différents du même personnage. Guillaume d’Orange, Guillaume Fièrebrace, Guillaume au Court nez, représenteront un Aquitain vainqueur des Maures ; un Normand vainqueur des Sarrasins d’Italie ; enfin un baron féodal défenseur des droits du roi de France. Il n’est pas impossible d’expliquer la confusion de ces trois légendes. Tandis que les jongleurs chantaient les anciens exploits du comte Guillaume contre les Maures d’Espagne, d’autres racontaient les récentes victoires de Guillaume Bras de Fer sur les Sarrasins de Sicile, la délivrance de Salerne, les dons énormes d’argent et de terre accordés aux aventuriers normands ; ainsi les gestes de Guillaume d’Orange et du Normand Guillaume Bras de Fer marchèrent de front jusqu’à ce que l’ignorance de la génération suivante finit par les confondre[1]. »

Jonckbloet ne partage pas l’opinion de P. Paris. Il lui fait d’abord cette objection : « Si nous tenons compte des surnoms, il sera difficile de conclure des événements de la chanson que Guillaume d’Orange prend ici la place de Guillaume de Hauteville. La déduction serait parfaitement logique si le héros prenait ici le nom de Fièrebrace ; mais nous voyons au contraire qu’il le perd, pour en prendre un autre qui a prévalu. Guillaume portait déjà dans des chansons antérieures le surnom de Fièrebrace, qu’il tient pro-

  1. Histoire littéraire, XXII, 487.