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l’élément historique

célèbre dans les chansons de geste. Bernard, filleul de l’empereur Louis, fut son plus puissant défenseur contre le parti aristocratique, et c’est lui qui, d’accord avec l’impératrice Judith, fit condamner pour trahison, comme je l’ai dit plus haut, ses deux plus mortels ennemis, les comtes de Tours et d’Orléans.

En combinant ces faits et en les résumant, on trouve dans l’histoire, aussi bien que dans la poésie, un comte de Toulouse qui se fait le défenseur de la famille impériale et qui cause la perte d’un comte d’Orléans, ennemi de l’empereur et coupable de trahison.

Ce rapprochement me paraît expliquer assez bien le rôle que la légende attribue au comte de Toulouse et à celui d’Orléans dans la cérémonie du couronnement. Mais, s’il en est ainsi, pourquoi ces deux personnages n’ont-ils pas gardé leurs propres noms ?

La substitution de Guillaume à Bernard est toute naturelle. Guillaume avait été nommé, en 790, duc de Septimanie et comte de Toulouse, avec charge de faire rentrer les Vascons sous l’obéissance des Francs ; il s’acquitta glorieusement de sa tâche. En 793, il se jeta au devant des Sarrasins d’Espagne qui envahissaient la France, fut vaincu par eux sur les rives de l’Orbieu, à Villedaigne, mais après une telle résistance que les Sarrasins, malgré leur victoire, furent obligés de repasser les Pyrénées. En 801, (ou 803) c’est encore Guillaume qui eut la plus large part à la prise de Barcelone par les armées du roi d’Aquitaine.

Le bruit de ces exploits ne remplit pas seulement les contrées qu’ils avaient pour théâtre, mais le pays tout entier des Francs ; nous en avons la preuve dans