Page:Langlois - Le couronnement de Louis.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xix
l’élément historique

c’est ainsi qu’elle fit de Louis un enfant de quinze ans, tandis qu’en réalité il en avait trente-cinq lorsqu’il reçut la couronne impériale.

Cette dégradation de la personne du prince pourrait avoir aussi une autre cause. Le peuple avait bien acclamé avec enthousiasme l’avènement de Louis, il applaudit bien encore à ses premiers actes[1], mais il ne dut pas garder longtemps cette admiration pour un homme qui n’était capable de porter qu’une tonsure au lieu d’une couronne[2]. Quelle humiliation, en effet, pour ce peuple fier et guerrier de voir son empereur se dégrader lui-même dans l’assemblée générale d’Attigny ! Quel mépris il dut concevoir pour l’homme imbécile dont toute la vie ne fut qu’une série d’opprobres, que son étonnante faiblesse lui fit accepter de ses évêques et de son fils !

Ainsi s’explique le rôle méprisable que joue Louis le Débonnaire dans notre chanson.

Nous retrouvons encore la différence des deux tendances, historique et légendaire, dans les dernières exhortations de Charles à son fils. Dans Thégan, dans Ermoldus, perce surtout la préoccupation des

  1. Qualia per mundum confregit gesta celidri,
    Christicolis cessit munera quanta quidem,
    Haec canit orbis ovans late vulgoque résultant ;
    Plus populo resonant quam canat arte melos.

    (Erm. Nig., II, 191-4. — Pertz, Ibid., II, 482).
  2. Circa divinum cultum et sanctae ecclesiae exaltationem incitabatur animus, ita ut non modo regem sed ipsius opera potius eum vociferarentur sacerdotem (Vita Hlud., cap. xix. — Pertz, II, Ibid., 616). Cf. le portrait de Louis le Débonnaire par M. Himly (Wala et L. le D. pages 34-37).