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l’élément historique

n’a jamais connu ces chroniques. Les auteurs de nos chansons de geste, en général n’étaient pas des clercs et ne pouvaient lire les textes latins. On pourrait répondre à la rigueur qu’ils se les faisaient traduire. C’est possible, mais le cas devait être bien rare, surtout à l’époque où je crois que notre poème fut composé.

Je n’oserais pas dire qu’il est, en tenant compte, bien entendu, des transformations qu’il aurait subies depuis, de la même date que les chroniques citées plus haut, mais je le crois de peu postérieur. « Ce début a certainement un grand air d’ancienneté, » dit P. Paris, « et la première inspiration doit en appartenir à l’époque Carlovingienne[1]. » Et pourtant lorsqu’il écrivait ces lignes P. Paris ne s’appuyait pas sur les ressemblances frappantes qui viennent d’être signalées entre l’histoire et la poésie. Jonckbloet dit de son côté, après avoir cité les vers d’Ermoldus Nigellus : « Notre chanson de geste nous a sans aucun doute transmis les dernières vibrations de cette hymne populaire[2]. »

En résumé, malgré les nombreux rapports qui existent entre notre poème et les textes dont je l’ai rapproché, on peut affirmer qu’il ne dérive pas de ces textes. D’une même source sont sorties d’un côté l’histoire des clercs, de l’autre celle du peuple, la chronique et la légende ; elles se sont écartées de jour en jour l’une de l’autre, pas assez cependant pour

  1. Histoire littéraire, XXII, 481.
  2. Guil. d’Or., 93.