les sentiments d’une âme fière et honnête, exprimés dans un style noble, vigoureux, sobre, exempt des épithètes oiseuses et des nombreuses formules si commodes aux trouvères sans talent pour cheviller leurs vers insipides. L’auteur est un Français convaincu que Dieu en ordonnant les royaumes de la terre a mis la France au premier rang :
Tot le meillor torna en dolce France.
Le chef d’un si noble pays, celui qui en porte « la corone
d’or », doit être un preux, capable de poursuivre
sans relâche les ennemis du royaume, de rendre la
justice aux faibles, de mériter la sympathie et l’admiration
de tous les gens de bien ; en un mot, d’être un
digne successeur de Charlemagne. Mais que les temps
sont changés depuis la mort du grand empereur !
Lors fist l’en dreit, mais or nel fait l’en mais.
Après cette mélancolique réflexion d’un esprit qui
souffre à la vue des injustices de son temps, l’auteur
raconte la cérémonie du couronnement de Louis, la
trahison du comte d’Orléans, son châtiment. Dans son
récit, les caractères sont nettement dessinés : Charlemagne
est le vieillard qui ne peut plus imposer sa volonté
parce que son bras n’a plus la force de la faire
respecter ; Louis est un enfant timide, Arneïs un traître
adroit, Guillaume un baron brave et dévoué.
Ou l’auteur de la seconde branche était bien inférieur à celui de la première, ou l’une a plus souffert que l’autre des arrangements du remanieur. Peut-être les deux causes ont-elles concouru à faire de la se-