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introduction

sur la tête de son fils. Il réunit donc sa cour dans la chapelle d’Aix : comtes, abbés, évêques, archevêques, tous les grands y accourent, même « l’apostoiles de Rome. » Là Charles énumère à son fils les charges qu’impose le trône et termine en disant :

« S’ensi vuels faire, ge te doins la corone,
O se ce non, ne la baillier tu onques. »


Mais Louis, ébahi de ce qu’il vient d’entendre, n’ose prendre la couronne. L’empereur, irrité, veut le faire tonsurer :

« Tirra les cordes et sera marregliers,
S’avra provende qu’il ne puist mendiier. »


En ce moment, un traître, Arneïs d’Orléans, demande à Charlemagne la lieutenance du royaume, pour trois ans seulement, après lesquels, si Louis a changé,

S’il vuelt proz estre ne ja buens eritiers,


il lui rendra le pouvoir « de gré et volentiers ». L’empereur y consent et les amis d’Arneïs s’en réjouissent : bientôt Charles mourra, son fils unique sera relégué dans un couvent et le traître sera couronné.

Mais Guillaume, fils d’Aimeri de Narbonne, qui, chose assez bizarre, était allé chasser pendant que les autres barons s’occupaient des affaires les plus graves de l’État[1], rentre tout-à-coup au palais impérial, est

  1. Au début du Charroi de Nimes, Guillaume est de même à la chasse pendant que les barons sont assemblés autour de l’empereur et à son retour apprend de son neveu ce qui se passe au palais.