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CONCLUSION



Nous sommes arrivés à la conclusion. Je n’irai pas plus loin dans les déductions, estimant que rien ne permet de le faire sur une base suffisante. Dans l’état actuel de la question et jusqu’à l’apparition, bien improbable d’ailleurs, d’un fait nouveau, il faut se contenter d’une approximation, en l’absence de précision suffisante dans les textes. D’ailleurs, la découverte normande n’a pas eu de suite dans l’histoire et on peut se contenter de l’affirmation.

Je partage absolument l’idée de MM. Hovgaard et Fossum qui distinguent deux régions différentes pour les découvertes de Leif et de Karlsefni. Je pense qu’on peut placer le Vinland de Leif quelque part dans l’entrée du Saint-Laurent. Cette entrée que j’ai pu visiter présente si bien les aspects d’une mer que les Normands ont pu s’y tromper et ne pas s’apercevoir qu’ils étaient dans l’estuaire d’un fleuve. J’incline à placer le Hóp de Karlsefni sur la côte Est et vers le Sud de Terre-Neuve. S’il avait été plus au Sud, il eût rencontré des conditions nouvelles de tout genre dont les Sagas ne nous parlent pas, des pays déjà très chauds en été, des arbres inconnus, etc…

L’approximation me semble ainsi suffisante et en rapport avec l’imprécision des textes. Quand, travaillant sur des explorations beaucoup plus récentes où cependant les renseignements dérivent de moyens autrement puissants au point de vue scientifique, nous cherchons à restituer la découverte des explorateurs espagnols, portugais, anglais ou français, nous sommes habitués à montrer une très grande prudence et à laisser dans bien des cas un certain champ à l’approximation. Je crois qu’il est encore plus prudent de le faire dans ce cas, par suite de