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par les normands vers l’an mille

durée du voyage n’a pas été rapportée, mais on dit que les deux navires arrivèrent au Eiriksfjord dans l’automne.

Eirik et d’autres habitants du pays vinrent à cheval aux navires et un bon commerce s’établit entre eux bien vite. Les armateurs offrirent à Eirik de prendre autant de leurs marchandises qu’il lui plairait, tandis qu’Eirik, de son côté, montrait en retour une grande munificence en invitant les deux équipages à l’accompagner à sa maison et à prendre leur quartier d’hiver à Brattalid. Les marchands acceptèrent cette invitation et partirent avec Eirik. Les marchandises furent transportées à Brattalid ; il ne manquait pas là de bons et commodes magasins pour les abriter. Les hommes ne manquèrent non plus de ce dont ils avaient besoin et les marchands furent enchantés de l’hospitalité de la maison d’Eirik cet hiver là. Mais quand on approcha de Noël, Firik devint taciturne et moins gai qu’à l’habitude. Un beau jour, Karlsefni entra en conversation avec lui et dit : « As-tu quelque chose qui pèse sur toi, Eirik, mon maître. On a remarqué que tu étais quelque peu plus silencieux que tu ne l’avais été jusqu’ici. Tu nous a reçus avec une grande libéralité et il convient que nous te le rendions autant qu’il est en notre pouvoir. Fais-nous connaître, maintenant, les causes de ta mélancolie. » Eirik répondit : « Vous avez accepté mon hospitalité aimablement et en hommes. Je ne puis être satisfait que vous ayiez à souffrir par suite de notre situation. En plus, je suis fâché à la pensée qu’il pourrait être dit ailleurs que vous n’avez jamais passé un plus mauvais Noël qu’ici, et pour tout dire quand Eirik le Rouge fut votre hôte à Brattalid au Groenland. »

« Il ne doit y avoir aucune raison pour cela, mon maître, répliqua Karlsefni, nous avons de l’orge pour la bière et du grain dans nos navires et nous serons heureux que tu en prennes autant que tu peux le souhaiter et que tu t’approvisionnes pour la fête aussi libéralement qu’il te conviendra. » Eirik accepta et des préparatifs furent faits pour la Noël. Ce fut si somptueux que l’assistance eut l’impression de n’avoir jamais vu une aussi belle fête auparavant dans cette pauvre contrée. Après Noël,