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Des goujats qui s’étaient abattus sur lui eurent beau fourrer leurs épieux sous la jupe de son haubert, ils ne trouvèrent pas le défaut de l’armure. En dernier lieu, on attacha, au moyen de courroies, de longues plaques d’acier qui couvraient le devant des jambes et des cuisses au-dessus et au-dessous des genouillères. Ce fut le commencement de l’armure en fer battu. La défense des cuisses s’appelait cuissots, celle des jambes tournelières ou grèves.

L’usage de ces plaques était général à l’avènement de Philippe le Bel. Sous les fils de ce roi, le dehors des bras fut armé de la même façon, au moyen de brassières posées par-dessus les manches du haubert, et l’on eut des coudières, boîtes de fer qui protégeaient les coudes. Les gants, qui n’étaient que de mailles autrefois, furent en daim recouvert de mailles ou de plaques de fer.

A des cavaliers si bien couverts il fallut des montures qui fussent, de même qu’eux, impénétrables aux coups. On introduisit dans le harnais du cheval des chanfreins d’acier, des bardes de cuir, des housses de feutre, des croupières et des poitraux en tissu de mailles. Alors il devint indispensable aux chevaliers de se pourvoir de chevaux robustes pour les batailles et pour les tournois. Ceux-ci étaient les coursiers, ceux-là les destriers. Dans les marches, ils étaient conduits en laisse à côté du gentilhomme monté sur son palefroi. On dressait les coursiers à galoper avec des housses traînantes, car dans les tournois ils étaient habillés de la tête jusqu’aux pieds, ainsi qu’on voit aujourd’hui les chevaux des pompes funèbres.

Nous n’avons pas énuméré moins de dix-huit pièces composant l’armement et la parure du chevalier. En ajoutant la chemise, les braies et les chausses de drap qu’il portait sur la peau, le nombre monte à vingt et une. La conclusion suit d’elle-même. Sous un tel amas de plaques, de tampons, de chiffons, l’homme n’est plus qu’un automate monté pour un nombre de mouvements extrêmement restreint. Il porte ses armes attachées après lui, sous peine de ne les pouvoir rattraper si elles lui échappent des mains. Son écu est retenu à son cou par une longue bride ; des chaînes fixent à son dos et à sa poitrine son heaume, sa dague, son épée.