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la toilette tenaient cependant une place assez modeste dans la vie journalière, on ne se serait point mis à table dans une maison de quelque importance sans s’être au préalable lavé les mains. Cet usage suffît à expliquer la quantité de gémellions existant encore aujourd’hui. Le jour où la mode des cuillers et plus tard des fourchettes a fait tomber ce louable usage en désuétude, les gémellions ont servi dans les églises à recevoir les offrandes des fidèles ; de meubles civils ils sont devenus religieux, et voilà pourquoi le plus grand nombre d’entre eux a perdu son ornementation d’émail ; les monnaies, sans cesse remuées ou jetées sans précaution, n’ont pas tardé à la faire disparaître.

Les coffrets, presque sans exception, n’ont été à l’origine que des meubles civils ; par la suite des temps, ils ont pu être transformés en reliquaires ; mais l’absence de tout symbole religieux dans leur décoration indique assez à quel usage ils étaient destinés. Le coffret du trésor de Conques remonte au commencement du XIIe siècle. Une décoration analogue de disques ou d’écussons de cuivre émaillé et doré a été appliquée au XIIIe et au XIVe siècle à des boîtes de bois, de cuir ou d’ivoire. On connaît l’un de ceux que possède le Musée du Louvre ; il provient de l’abbaye du Lys, et comme il contenait une relique de saint Louis, le nom de ce roi lui est resté attaché, bien que d’après les synchronismes que l’ont peut établir à l’aide des écussons qui le décorent, il soit quelque peu postérieur au règne de Louis IX, très probablement de l’époque de Philippe le Bel. Un coffret analogue figure dans le trésor du Dôme d’Aix-la-Chapelle ; un autre est possédé par l’église de Longpont ; des fragments d’un quatrième se voient au musée de Turin ; ils proviennent de la cathédrale de Verceil où ce coffret a servi pendant longtemps à contenir la dépouille mortelle d’un cardinal ; enfin une autre décoration de médaillons de ce genre, très complète, fait aussi partie de la collection Dzialynska. Dans presque toutes ces pièces, les disques émaillés, écussons d’armoiries polychromes ou médaillons à fond bleu, offrant des personnages ou des animaux gravés ou réservés, n’étaient pas appliqués directement sur le bois. La boîte était d’abord recouverte d’une épaisse couche de peinture à la colle par-dessus