Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/53

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’ordre et de garanties légales. Cela se vit admirablement dans le fait de Paul de Samosate, évêque d’Antioche sous Aurélien. L’évêque d’Antioche pouvait déjà passer, à cette époque, pour un haut personnage ; les biens de l’Église étaient dans sa main ; une foule de gens vivaient de ses faveurs. Paul était un homme brillant, peu mystique, mondain, un grand seigneur profane, cherchant à rendre le christianisme acceptable aux gens du monde et à l’autorité. Les piétistes, comme on devait s’y attendre, le trouvèrent hérétique et le firent destituer. Paul résista et refusa d’abandonner la maison épiscopale. Voilà par où sont prises les sectes les plus altières : elles possèdent ; or qui peut régler une question de propriété ou de jouissance, si ce n’est l’autorité civile ? La question fut déférée à l’empereur, qui était pour le moment à Antioche, et l’on vit ce spectacle original d’un souverain infidèle et persécuteur chargé de décider qui était le véritable évêque. Aurélien… se fit apporter la correspondance des deux évêques, nota celui qui était en relations avec Rome et l’Italie, et conclut que celui-là était l’évêque d’Antioche.

…. Un fait devenait évident, c’est que le christianisme ne pouvait plus vivre sans l’empire et que l’empire, d’un autre côté, n’avait rien de mieux à faire que d’adopter le christianisme comme sa religion. Le monde voulait une religion de congrégations, d’églises ou de synagogues, de chapelles, une religion où l’essence du culte fût la réunion, l’association, la fraternité. Le christianisme remplissait toutes ces conditions. Son culte admirable, sa morale pure, son clergé savamment organisé, lui assuraient l’avenir.

Plusieurs fois, au IIIe siècle, cette nécessité historique faillit se réaliser. Cela se vit surtout au temps des empereurs syriens, que leur qualité d’étrangers et la bassesse de leur origine mettaient à l’abri des préjugés, et qui, malgré leurs vices, inaugurent une largeur d’idées et une tolérance inconnues jusque-là. La même chose se revit sous Philippe l’Arabe, en Orient sous Zénobie, et, en général, sous les empereurs que leur origine mettait en dehors du patriotisme romain.

La lutte redoubla de rage quand les grands réformateurs, Dioclétien et Maximien, crurent pouvoir donner à l’empire une