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sous la conduite du Maître, firent leur entrée triomphale à Orléans, le 11 juin ; là, le Maître prêcha encore ; il y eut une bagarre où furent assommés des clercs de l’Université ; comme à Paris, comme à Rouen, comme à Amiens, les bourgeois qui avaient ouvert les portes de leur ville, malgré les représentations de l’évêque, ne s’opposèrent point aux excès. A Tours, les franciscains et les dominicains eurent beaucoup à souffrir de la fureur des Pastoureaux, qui les traînèrent dans les rues, à moitié nus, pillèrent leurs églises et coupèrent, dit-on, le nez d’une statue de la Vierge. — C’est alors, mais alors seulement, que l’on réussit à persuader la reine de mettre la fin à de tels actes. Les clercs racontaient des choses terribles sur le compte du Maître de Hongrie : c’était un moine apostat, un nécromancien, instruit aux écoles de Tolède, qui avait promis au sultan d’Égypte de lui livrer des chrétiens, les pauvres diables qu’il entraînait à sa suite ; il avait établi la polygamie dans son camp. D’un si dangereux personnage, il fallait se débarrasser. C’était facile : les Pastoureaux se dispersaient de plus en plus ; il y en avait maintenant en Normandie, en Anjou, en Bretagne, en Berry…. — Du jour où la protection tacite de Blanche ne les couvrit plus, les Pastoureaux furent perdus ; cette force aveugle ne pouvait rien contre la force organisée. D’ailleurs, ils se condamnaient eux-mêmes. A Bourges, tous les clercs s’étant retirés avant leur arrivée, ils s’attaquèrent aux Juifs, et même aux bourgeois qui, d’abord, les avaient bien traités. On leur courut sus, et le Maître de Hongrie périt dans un combat, près de Villeneuve-sur-Cher. Ce qui restait de sa horde fut aussitôt traqué avec ardeur ; les malheureux s’enfuirent dans toutes les directions et on en pendit jusqu’à Aigues-Mortes, jusqu’à Marseille, jusqu’à Bordeaux, jusqu’en Angleterre. « On dit, écrit le custos des franciscains de Paris, qu’ils avaient l’intention : 1º de détruire le clergé, 2º de supprimer les moines, 3º de s’attaquer aux chevaliers et aux nobles, afin que cette terre, ainsi privée de tous ses défenseurs, fut mieux préparée aux erreurs et aux invasions des païens. C’est vraisemblable, d’autant plus qu’une multitude de chevaliers inconnus, vêtus de blanc, est apparue en Allemagne…. » Mathieu de Paris rapporte que, dans