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Ferri Pasté, il envoya d’autres personnes, dont les noms sont inconnus, qui, probablement au mois de juin, réitérèrent en ces termes les plaintes du mois de mai : « Le roi notre maître, déclarèrent ces officiers, a longtemps supporté, à grand’peine, le tort qu’on fait à l’Église de France, et par conséquent à lui-même, à son royaume. De peur que son exemple ne poussât les autres souverains à prendre contre l’Église romaine une attitude hostile, il s’est tu, en prince chrétien et dévoué… ; mais, voyant aujourd’hui que sa patience reste sans effet, que chaque jour amène de nouveaux griefs, après en avoir longtemps délibéré, il nous a envoyés vous exposer ses droits et vous faire part de ses avis. » Récemment, les barons, « au colloque de Pontoise », ont reproché au roi de laisser détruire son royaume ; « leur émotion a gagné toute la France, où le dévouement traditionnel à l’Église romaine est prêt de s’éteindre, et de faire place à la haine. Que se passera-t-il dans les autres pays, si le Saint-Siège perd l’affection de ce peuple, naguère fidèle entre tous ? Déjà les laïques n’obéissent à l’Église que par crainte du pouvoir royal. Quant aux clercs, Dieu sait, et chacun sait, de quel cœur ils portent le joug qu’on leur impose. Cet état si grave tient à ce que le pape donne au monde le spectacle de choses nouvelles, extraordinaires. » — Ces choses, l’homme du roi les énumère dans un discours nourri de faits précis, semé de maximes générales et d’apophtegmes historiques : « Il est inouï de voir le Saint-Siège, chaque fois qu’il se trouve dans le besoin, imposer à l’Église de France des subsides, des contributions prises sur le temporel, quand le temporel des églises, même si l’on s’en rapporte au droit canon, ne relève que du roi, ne peut être imposé que par lui. Il est inouï d’entendre par le monde cette parole : « Donnez-moi tant, ou je vous excommunie…. » L’Église [de Rome], qui n’a plus le souvenir de sa simplicité primitive, est étouffée par ses richesses, qui ont produit dans son sein l’avarice, avec toutes ses conséquences. Ces exactions se commettent aux frais de l’ordre sacerdotal, qui toujours, même chez les Égyptiens et les anciens Gaulois, a été exempt de toutes prestations. Ce système a été pour la première fois mis en pratique par le cardinal-évêque de Préneste, qui,