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sonne royale et sur les affaires publiques, devait durer, avec certaines vicissitudes, jusqu’à la fin de ce règne si bien rempli. Elle fut entière et ne cessa de s’accroître pendant les vingt premières années. Ce fait s’explique par le caractère du prince, comme par les nécessités de sa situation. A peine avait-il commencé son règne définitif, qu’il se trouva en butte aux attaques d’une foule d’ennemis conjurés pour sa perte. Il lui fallut se défendre à la fois contre les membres de sa propre famille qui aspiraient toujours à le remplacer, contre les rancunes de la maison de Rochefort, l’intraitable turbulence des seigneurs du Puiset, la haine persévérante du comte de Blois ; enfin contre l’inimitié traditionnelle du souverain anglo-normand. Au milieu de ces guerres presque quotidiennes, de ces périls sans cesse renaissants, la valeur guerrière d’Anseau et de Guillaume de Garlande, l’intelligence de leur frère Étienne lui rendirent d’inestimables services. Par intérêt, par reconnaissance et un peu aussi par faiblesse, il leur abandonna la direction suprême de la curie. Anseau conserva le commandement de l’armée jusqu’au jour où il périt glorieusement pour le service du roi, au troisième siège du Puiset, en 1118. Ce fut alors son frère Guillaume qui le remplaça. Il était à la tête des troupes royales, en 1119, lors de la défaite de Brémule. Quant à Étienne, il avait reçu la charge de chancelier, qui pouvait seule convenir à un personnage ecclésiastique. A ce titre, il ne disposait pas seulement du sceau royal, il était encore le directeur du clergé attaché à la chapelle, et participait, dans une certaine mesure, à l’exercice de la puissance judiciaire.

Tout s’abaissa bientôt devant le crédit des Garlande. Les autres familles de palatins qui avaient partagé la fortune du prince pendant la période de sa désignation durent céder à cette faveur sans précédents, quand elles n’eurent pas à en souffrir. La maison de Chaumont, en Vexin, touchait de fort près à Louis le Gros ; un de ses membres épousa même la fille naturelle de ce roi, nommée Isabelle. Aussi Hugue de Chaumont demeura-t-il jusqu’à la fin du règne en possession de l’office de connétable. La famille de la Tour ou de Senlis, moins appuyée, fut moins heureuse. Elle perdit la bouteillerie en 1112, lorsque Gui de