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des origines de cette révolution, jadis si controversée, on a compris de nos jours qu’elle était insoluble, en l’absence de documents relatifs à la constitution municipale des cités et des bourgs pendant quatre cents ans, du VIIIe siècle au XIe.

L’association[1] est un fait qui n’est ni germanique ni romain ; il est universel et se produit spontanément chez tous les peuples, dans toutes les classes sociales, quand les circonstances exigent ou favorisent son apparition. Les hypothèses des germanistes et des romanistes sont donc gratuites. La révolution communale est un événement national. La commune est née, comme les autres formes de l’émancipation populaire, du besoin qu’avaient les habitants des villes de substituer l’exploitation limitée et réglée à l’exploitation arbitraire dont ils étaient victimes. Il faut toujours en revenir à la définition donnée par Guibert de Nogent : « Commune ! nom nouveau, nom détestable ! Par elle les censitaires (capite censi) sont affranchis de tout servage moyennant une simple redevance annuelle ; par elle ils ne sont condamnés, pour l’infraction aux lois, qu’à une amende légalement déterminée ; par elle, ils cessent d’être soumis aux autres charges pécuniaires dont les serfs sont accablés. » Sur certains points, cette limitation de l’exploitation seigneuriale s’est faite à l’amiable, par une transaction pacifique survenue entre le seigneur et ses bourgeois. Ailleurs il a fallu, pour qu’elle eût lieu, une insurrection plus ou moins prolongée. Quand ce mouvement populaire a eu pour résultat, non seulement d’assurer au peuple les libertés de première nécessité qu’il réclamait, mais encore de diminuer à son profit la situation politique du maître, en enlevant à celui-ci une partie de ses prérogatives seigneuriales, il n’en est pas seulement sorti une ville affranchie, mais une commune, seigneurie bourgeoise, investie d’un certain pouvoir judiciaire et politique.

  1. [Sur l’histoire du principe d’association, surtout en Allemagne, voyez O. Gierke, Die Staats-und Korporationslehre des Alterthums und des Mittelalters, und ihre Aufnahme in Deutschland, Berlin, 1881, in-8º.]